Chroniques des Stellans
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 Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]

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La Ronce de Logre

La Ronce de Logre


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MessageSujet: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeDim 18 Oct - 20:27

Au cœur des Maestrias se tenait un bien curieux sujet d'agitation. Alors que la nuit tombait, laissant les étoiles renaître pour un chapelet d'heures, de multiples lanternes se dressaient, s'élevant au-dessus des gens à qui mieux mieux. Chacune berçait sa zone immaculée des pastels dont on avait enduit leurs verres. Ici, un Vert Mi Sel, là, un Rouge Ire alors que par ici, où se pressaient plusieurs enfants galopins aux habits de la belle noblesse, un groupe de sept lampions imitaient l'Arc En Ciel, transformant la couleur des enfants au fil de leurs pas.

La Ronce de Logre se tenait non pas en retrait comme on aurait pu se l'imaginer, mais bien au centre du grabuge, dirigeant d'une main les allées et venues qui menaçaient de perturber le bon ordre de la procession, qui sans cesse, se faisait plus importante à l'entrée du Manoir de la Maison Usher. Car ce soir, l'on y donnait un fort prisé spectacle, en l'occurrence, un concerto, dit des Espérances. Pour service rendu à la Maison Usher lors de l'affaire dite des " Tartelettes à la Crème ", et à sa Matriarche, Anabella Usher, Monsieur de Vorkosigan - car il s'agissait là de son nom d'usage - possédait l'un de ces inaltérables cartons d'invitations. Néanmoins, fidèle à ses manières et à sa réputation, il prêtait main forte à un service de sécurité, qui sans être débordé, avait parfois du mal à se faire entendre de toute la troupe des jeunes nobles endimanchés, des mégères riches et non apprivoisées, de Ducs aux collerettes extravagantes et de Grands Marchands de la Rue des Haut Sacs.

D'une main, il donnait l'accolade à l'entrée, alors que de l'autre, il pressait les heureux élus à s'avancer. Il y eût bien quelques échanges de lettres, quelques dérapages verbaux, mais Monsieur de Vorkosigan savait y faire, maniant l'Arbre à Lettres mieux que quiconque et sachant jongler de Vers-Beaux.

La Ronce de Logre, à défaut de réelle fortune, avait déjà fait preuve de chance, dont une partie venait en ligne directe d'un fort compétent tisserand, qu'il avait sorti d'une épineuse situation au printemps dernier. Le tailleur lui avait taillé un costume sur mesure, qui l'habillait présentement. Ce vêtement, majoritairement d'ombres et d'or, se laissait parfois égayer au fil des mouvements de doublures faites de pourpres et d'azur. Ses lignes, pures et droites, savaient accompagner la stature de son porteur, pour le rendre élégant tout en laissant apparemment à l'aise.

Une main s'agrippa fermement au bas de sa veste, tirant et geignant en même temps. La Ronce fronça ses sourcils en regardant un petit garçon aux joues cramoisies le supplier par en dessous.

« Laissez moi deviner jeune homme, vous avez perdu vos parents » dit il d'une voix légère tout en le soulevant pour le hisser sur ses épaules. « Cherchez d'ici, mon Capitaine, et dîtes moi si vous les voyez pendant que j'en termine de mes offices » ferma t il en poursuivant ses affaires pendant que l'enfant supervisait de ses yeux bleus la foule agitée.

« Là bas ! » cria la vigie, tout en gesticulant, faisant de la Ronce un navire en proie à une tempête fort peu patiente. D'un pas chaloupé, et sous les rires attendris de nombreuses Dames - de l'age tendre à l'age dur à cuire - il s'orienta vers la direction indiquée, remettant au passage un serviteur dans le droit chemin et un autre, à la porte, pour avoir un peu trop cherché à s'approcher d'une ou deux poches. Arrivé au terme de son périple, il dégagea l'enfant de ses épaules pour l'installer sur celles, plus fermes, de son père, un Émissaire Radran à la bonne stature. Sans mot dire, il s'épargna les remerciements d'usage en s'éclipsant en souriant, à la fois par politesse et en prévision de la volée qu'allaient passer les parents à l'enfant une fois qu'ils se seraient remis de leurs émotions.

D'un pas rapide, passant entre les gens sans jamais les bousculer, la Ronce cheminait. Parfois, il donnait quelques excuses, plus pour attirer l'attention qu'autre chose, puis s'éclipsait après avoir fait preuve d'esprit, ayant commenté le cours du baril de sel ou précisé un point épineux de diction Dramite.

D'un rythme soudainement fort pressé, il fit irruption dans la salle de Bal, qui jouxtait la salle de concert où un amphithéâtre déjà conquis commentait la richesse et le bon goût des décorations, le lustre des cuivres et la finesse des ornementations. Monsieur de Vorkosigan tendit son carton à l'un des ouvreurs, qui le conduisit à l'une des loges surplombant la salle et qu'il partageait avec un couple de la petite noblesse qui lui étaient encore inconnus et une dame à la mine sévère, répondant au nom de Dame Anabella Bel Conti, qui était un peu la tantine de toute la petite noblesse de Logre. Accessoirement, elle était aussi une mine d'information sans fin et un informateur de premier choix.

Monsieur de Vorkosigan s'installa à ses côtés, la saluant d'une manière fort courtoise. Il s'échangèrent quelques civilités et quelques nouvelles, quand la lumière soudainement décru, ne laissant que quelques lanternes orangées imprimer leur lustre sur les Cuivres de l'Orchestre et faire briller les cordes des violons comme autant d'archers prêt à lancer leurs traits musicaux sur la scène. Sur cette dernière, par ailleurs, l'on s'agitait, mettant en place les dernières touches d'un décor propre à reproduire les scènes du spectacle que l'on nommait de partout en Logre le "Concerto des Espérances".

Miles de Vorkosigan joignit ses coudes sur la rambarde et apposa son menton sur ses mains réunies, attendant le début du spectacle, avec une impatience ni feinte, ni retenue.
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 20 Oct - 0:47

Quelques gentilshommes s’écartent, des murmures s’échangent. Les plus téméraires osent le fustiger d’un regard désapprobateur, d’autres au contraire jugent plus sage de s’éloigner en feignant des urgences à l’autre bout du manoir.

Le Chevalier de Gambardin vient de faire son entrée au manoir de la Maison Usher et, ce n’est pas habituel, une jeune fille est à son bras.

Toutes les spéculations sur l’identité de la belle inconnue sont permises. L’impétueux duelliste n’a pas habitué son monde à offrir sa compagnie si ce n’est aux dames les plus riches. Sans se soucier des rumeurs qui enflent, il traverse la salle le vent dans le dos. Son premier objectif est de récupérer un verre de vin, ce qu’il obtient aisément après avoir arrêté un peu brusquement un serviteur.

Ce n’est pas vers lui qu’un enfant prendrait le risque de courir, surtout qu’à son approche bon nombre de mères prévenantes prennent leur progéniture par le col pour éviter toute promiscuité avec le sombre personnage.

Le manège laisse superbement indifférent de Gambardin qui rejoint le Comte de Vergala. Le singulier bonhomme est doté d’une moustache qu’on ne peut que qualifier de flamboyante. Lustrée, travaillée à la pointe et d’une épaisseur qui atteste d’une virilité considérable, elle est le point culminant de sa personnalité.

Le comte, qui éponge son front à l’aide d’un mouchoir, cache avec succès tout le plaisir qu’il a de revoir son cher ami Laurence.

« Chevalier, quelle exquise surprise ! Oui, exquise, répète le noble en sueur avec un sourire qui fait trembler sa moustache.
- Tout le plaisir est pour moi, Vincent. Il y a encore une heure je ne savais pas si j’allais faire le déplacement. Or me voici, comme vous le constatez. J’espère que vous avez une place pour moi dans votre loge, ainsi que pour ma charmante amie ? »

Le comte ne goutte plus, il suinte et tente de sauver la face en riant comme à une bonne plaisanterie. Hélas, le chevalier de Gambardin est aussi sérieux que la mort dans sa robe blanche. Il fixe le pauvre homme, l’accule, et se tient prêt à lui extirper jusqu’au dernier millilitre d’eau.

« Un homme si jeune n’a rien à faire avec une compagnie aussi ennuyeuse que la mienne. Je vais demander à Anabella de vous trouver une place où vous pourrez être tranquilles. »

Le comte n’attend pas plus pour partir aussi rapidement qu’il le peut sans donner l’impression de courir.
Il n’aura fallu que peu de temps pour que les deux jeunes gens trouvent une place de choix, un peu à l’écart, certes, pour assister à la représentation.

Un des miracles du subtil art diplomatique de Laurence de Gambardin.
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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 20 Oct - 17:10

La jeune femme à son bras, sensiblement du même âge, jouit d'une certaine beauté. Très fine et pourtant raisonnablement pourvue en arguments féminins, une épaisse crinière brune aux reflets blonds encadre son visage de boucles souples et brillantes retombant en cascade parsemée de perles jusque sur sa nuque gracile.
Des traits harmonieux de son faciès à l'ovale délicat, subtilement maquillé, transparait une personnalité agréable et avenante, jusqu'à ses yeux pétillants étrangement dépareillés, fort justement ceint d'un khôl asymétrique atténuant savamment ce qu'ils pourraient avoir de dérangeant.

Une robe noire et rouge à corsage met en évidence sa taille élancée et le rebondit charmant de la chute de ses reins. De discrètes broderies remontent en entrelacs subtils et complexes jusqu'à son décolleté avantageux sans pour autant être outrancier, rappelant celles qui courent sur ses longs gants ainsi que sur le ruban de soie sombre qui orne son cou pâle.
Ses jupons d'un carmin éclatant laissent tout juste voir les bottines de cuir lustrées à hauts talons qui lui confèrent une démarche élégante, -gracieuse quoi qu'un peu sauvage- qui semble lui être naturelle.

En somme, Laurence et elle sont aussi dissemblables de mise autant que de caractère... que curieusement bien assortis. Le jour et la nuit, parée d'ombre et lui de lumière, accordés et dissonants, ce qui rajoute encore à la stupéfaction des plus observateurs, déchainant de plus belle les plus folles supputations et les plus curieux racontars, qui s'étouffant d'une telle outrecuidance, qui de jalousie, qui de stupeur et bien d'autres choses encore.
Les bruits de chuchotement frénétiques ne sont étouffés, jusque dans leur loge, qu'une fois l'épaisse porte garantissant leur intimité refermée.

Pour autant la traversée est longue jusqu'à la relative et feutrée sécurité du box qui leur a été hâtivement réservé. Or si le chevalier y est dument vacciné et hermétique, sa jeune compagne, elle, en a rapidement eut des crampes, tant aux cervicales qu'à l'estomac, de même pour ses paumes moites heureusement gainées d'étoffe.
Marchant aux cotés de son étrange bienfaiteur, elle réalise que subir sans sourciller autant de regards hostiles ou d'une curiosité démesurée doit nécessiter une longue habitude, mais c'est seulement en voyant le maitre de maison se ratatiner dans sa propre humidité, seulement protégé de ses luxueux atours, que la saltimbanque prend la pleine mesure de la réputation sulfureuse entourant son noble cavalier, comme une auréole malsaine porteuse de la peste. Contagieuse, sans pitié. Fatale.
Par miracle, l'artiste parvient à n'en rien laisser voir, pas même une petite crispation à l'extrémité du sourire charmeur affiché sur ses lèvres pleines.

Avant le récital et la danse si attendue, un autre spectacle retentit donc dans la vaste demeure, une pièce de théâtre et de faux semblant dont la drôlesse s'amuse et, à son propre étonnement, goute au plus haut point, finalement. C'est un peu comme de jouer la resplendissante sorcière compagne du démon dans une petite scénette, face à un auditoire médusé, jusqu'à la séquence grandiose où toute la troupe se réunit autour du bucher. Soit, cette dernière partie est mentalement occultée, Marie n'ayant point envie de pousser la comparaison jusque là, en fin de compte. D'autant qu'elle n'a ce statut qu'en apparence et que la fête sera terminée d'ici quelques heures.

En chemin, tout de même, un être attira l'attention de ses prunelles curieuses, jamais fixes: Ce fut lorsqu'elle aperçut un homme de bonne taille au loin, portant sur ses épaules un enfançon aussi fastueusement vêtu quoi que de toute évidence pas de son lit. Qu'un gentilhomme se livre à pareil numéro face à pareille assemblée lui parait si incongru sur l'instant, que ça le rend instantanément sympathique à ses yeux. Hélas, il disparait bien vite au détours d'un couloir largement tapissé, le couple d'un soir n'ayant ni le temps ni l'envie de s'attarder.

Une fois dans leur asile de bois épais sculpté, de velours doublé et de clous de cuivre ouvragés, une fois l'épais rideau les isolant du vaste monde refermé, la violoniste à la fois éprouvée et exaltée pose une main sur le mur en lieu et place d'un juron exclamatif bien sentit. De sa bouche peinte s'échappe même un frémissant soupire lorsqu'elle s'accorde enfin de reprendre une respiration qui lui est plus habituelle.
Sitôt parfaitement recomposée sa dignité, l'iris vert autant que le rouge se tournent vers le sieur de Gambardin, dans l'attente d'un indice pouvant attester de son humeur, de son degré de satisfaction ou des prémices d'une vengeance vicieusement mijotée en représailles de son indécente insolence du matin.
Chose étonnante, dans son expression il ne décèle toujours ni crainte ni haine, quoi qu'elle soit évidement un peu nerveuse.
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Nessa Calianthe

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 20 Oct - 17:36

Le rideau se leva. Une scène quasiment nue se dévoilait peu à peu aux yeux des impatients, des bavards et même à ceux des enfants ensommeillés. C'était à chaque fois la même chose : le temps semblait s'arrêter sur un autre monde, une autre vie, sur un bout de rêve. Nessa le ressentait à chaque fois ; elle s'éveillait doucement dans un air chantant, et entrait dans un pan d'histoire, l'histoire qu'elle voulait vivre, faire vivre aux autres.

Le rideau se leva, et Nessa apparue seule au milieu de la scène. Recroquevillée sur elle-même, comme un tas de chiffon, la lumière des étoiles l'éclairait. Habillée de couleurs pâles, dans différents tons de rose, on aurait presque dit une fleur, attendant d'éclore. Et lorsque les premières notes retentirent, un bras fin et nu se déploya dans les airs, en rythme avec la musique, douce et lente. La harpe égrenait sa mélodie, accompagnée de choeurs cristallins ; la danseuse tissait la musique, la rendait visible aux êtres vivants. Comme sur une toile éphémère, elle peignait les chants, se relevant avec mille précautions. Son premier geste fût pour les étoiles ; un visage implorant, triste, levé vers les lumières de la nuit. Le concerto des Espérances se voulait un spectacle en l'honneur des astres, tout simplement.

Une poupée déliée, une herbe folle au vent, bien souvent on avait comparé la Dame Calianthe à de pareilles images ; elle en jouait avec brio, d'une souplesse sans pareille qui lui permettait souvent de montrer le corps telle une oeuvre d'art. Les murmures de la foule se taisaient au fur et à mesure que le spectacle avançait, les yeux avides dirigés sur la Demoiselle. Il était pourtant rare d'applaudir une danseuse plutôt que la chanteuse ; mais cette fois-ci, c'était bien les voix qui travaillaient pour elle, l'acrobate des sens. Elle était le spectacle, à elle seule. Qui aurait pu dire combien de choristes l'accompagnaient ? Qui aurait pu dire que la musique n'émanait pas d'elle-même ? Elle savait captiver l'attention de ses gestes graciles.

Et le rythme s'intensifia.

Ses jambes volaient, les jupons colorés virevoltaient ; au rythme des notes, elle tournoyait sur elle. La scène, pourtant vide et noire, semblait résonner de mille pas. Ce n'était pourtant que le début du Concerto : il réservait encore bien des surprises, et non des moindres. Car Nessa n'était pas une danseuse ordinaire, ce dont elle avait jusqu'alors fait usage dans le spectacle ; elle avait d'autres talents, que la foule ne tarda pas à découvrir.

La musique ralentit soudain, jusqu'à devenir si basse que l'on aurait dit des chuchotements de fées. La danseuse, debout, jambes jointes mais le dos étiré en arrière, croisa ses bras devant elle, relevant quelques jupons colorés de ses mains glissant contre ses cuisses. D'un geste rapide, qui étonna par sa brusquerie, elle retira deux éventails cachés sous son costume qu'elle ouvrit tout aussi prestement. Ils étaient pâles, eux aussi, dans les mêmes tons que le costume. Des fleurs de cerisiers, blanches, identiques à celles qui ornaient les cheveux de la danseuse, les décoraient élégamment. Nessa prit le temps nécessaire pour que les spectateurs puissent les admirer ; puis elle tendit le bras droit devant elle, visant la foule de l'éventail, et tourna lentement sur elle-même, jusqu'à prendre de la vitesse. L'autre éventail était ramené sur son visage, cachant ses yeux. Les jupons roses dévoilaient ses jambes, dont les mouvements infimes imprimaient tout de même une allure rapide au reste du corps ; on aurait dit une rose toute éclose. La Dame Calianthe pointa l'éventail gauche vers le ciel, devenu d'encre ; puis, d'une torsion du poignet, ramena le tranchant de son instrument vers le sol, vers ses jupons. Elle continuait toujours de tourner sur elle-même ; le mouvement n'en finissait pas. Lorsque l'éventail toucha le tissu du costume, il se déchira proprement, et sous l'influence de la danse, les jupons volèrent en tout sens sur la scène, dessinant un tableau coloré, comme une fleur effeuillée. La danseuse, revêtue maintenant d'un moignon de jupon, s'effondra sur elle-même, se laissant tomber avec art et délicatesse, pour se retrouver dans sa position initiale, lorsque le spectacle avait commencé, un éventail tendu vers les étoiles et l'autre, fermé, contre son coeur.

La musique prit fin elle aussi, et il fallu un certain temps pour que les spectateurs présents comprennent que la représentation avait cessé. Nessa restait immobile, la respiration haletante, sa poitrine se soulevant rapidement à chaque inspiration. Elle ne pourrait quitter la scène que lorsque le rideau tomberait sur elle ; avant, elle devrait écouter les applaudissements, s'il y en avait, et scruter les visages des gens pour analyser leurs réactions.

Elle attendit, tenant la position, le tonnerre que chaque artiste espérait tant.


Dernière édition par Nessa Calianthe le Ven 23 Oct - 22:14, édité 1 fois
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La Ronce de Logre

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 20 Oct - 18:25

La salle, comme prise de stupeur, était semblable en tout point à une armée de corps faite de glaises et d'argiles. Dans le silence régnant, l'on aurait pu entendre voler un mouchoir par un malandrin pourtant expérimenté.

« Et bien... N'allez vous donc rien faire... » murmura la Dame Anabella Bel Conti aux côtés de Monsieur de Vorkosigan, le faisant sortir de la contemplation presque hypnotique qu'avait fait naître l'entier spectacle dans l'esprit de l'auditoire.

« Moi qui vous considérais plutôt gentilhomme... » compléta-t-elle, sans toutefois perturber le parfait silence, qui commençait à devenir gênant pour la troupe. Il fallait dire à propos d'Anabella, qui comme nombre de bonnes conseillères, qu'elle savait glisser les bons mots aux bonnes oreilles et les faire entrer en caboche avec plus de facilité qu'une couturière perce la laine d'une aiguille.

Monsieur de Vorkosigan sursauta, comme soudainement libéré d'un enchantement et se redressa sur sa chaise. Prenant son temps, il passa sa langue sur ses lèvres, afin de les humidifier et entreprit de retirer ses gants, observant la vieille dame d'un air malicieux. Il plia son cou sur la droite puis sur la gauche, afin d'assouplir les muscles qui donnaient à sa nuque un joli port altier - il ne fallait rien négliger lorsque l'on était en représentation parmi la petite noblesse - et se força à se lever.

Il posa ses gants sur le rebord de la terrasse, sous l'œil attentif de la tantine de Logre, qui semblait juger de ses performances d'un œil calculateur mais néanmoins amusée par le résultat.

Les « Clap... Clap... Clap... Clap... » résonnèrent dans la salle, renvoyés en écho par l'acoustique sans faille du lieu. Les enfants sursautèrent, les Dames se raidirent, les Hommes se tournèrent vers la loge où se tenait la Ronce de Logre, qui de ses mains mises à nues, rendait hommage au talent du compositeur, des musiciens, des choristes et surtout, de la Danseuse de premier rang.

Ce fût alors comme la première goutte d'eau tombant avant l'orage, comme le premier rayon de soleil annonçant le jour ou comme l'arrivée d'un cinquième As dans une partie de cartes... Le point initial d'une suite de conséquences inaltérables.

Les « CLAP CLAP CLAP CLAP » s'enchaînèrent, effrénés, rageurs. Le son, pour une fois, dévala du public vers la scène, prenant d'assaut le Mur de l'Orchestre, qui même aux cimes de ses pointes lyriques aurait bien était en mal de contenir cet assaut enfiévré. Les musiciens l'accueillirent avec le sourire, laissant passer sur eux ce glorieux assaut. Puis, l'ovation enfla encore en surgissant sur scène, écrasant tout ce que les gens y étant encore présent auraient bien pu tenter de se dire. Lire sur les lèvres devait être un talent d'artiste et non de voleur finalement. Puis le son cerna la Danseuse, caquetant autour d'elle, d'autant de mains que de corps, d'autant de corps que de public, d'autant de public que de conquêtes.

Monsieur de Vorkosigan contempla la Danseuse et la foule encore quelques instants, fier de son petit effet, avant de se retourner vers la Dame Bel Conti. Posant sa main sur son cœur, il s'inclina en avant, présentant à la Dame une déférence inhabituelle à son personnage, telle qu'en présentait bien souvent les serviteurs à leurs employeurs.

« Prenez donc la direction de la suite, Monsieur de Vorkosigan » le tança la vieille Dame.

Monsieur de Vorkosigan lui présenta son bras, s'offrant en escorte.

« Ma Dame,
Permettez à ce bras de vous Conduire,
D'escorter vos pas jusqu'en salle de Bal,
Dissiper devant vous les Malices, les Cabales,
Et les inopportuns qui pourraient vous Nuire
»

La Dame Bel Conti laissa un sourire filtrer hors de son masque de craie, avant de le camoufler de nouveau, tenant à sa réputation de Grand Tante acariâtre, lanceuse de rumeurs et faiseuse - et surtout, dé-faiseuse - de réputations.

« Conduisez moi à la Salle de Bal, jeune homme, que je vous y montre. Il est temps qu'autrement que la 'Ronce de Logre' l'on vous nomme. » commanda-t-elle, avant de cheminer bras dessus, bras dessous, avec son amical écuyer.
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMer 21 Oct - 20:38

Depuis les petites loges, Laurence observe le spectacle en dédaignant les lunettes qui pourtant pourraient lui permettre d’observer au plus prés la rose en train d’éclore au milieu de la scène. Spectateur difficile, l’ennui le plus indicible se lit en bordure de ses paupières. Certes, il ne dort pas, mais les réactions de la courtisane qui l’accompagne sont bien plus recherchées que le jeu de jambe pourtant exceptionnel de la danseuse.

L’indifférence se transforme en froid mépris lorsque ses yeux se baissent sur la Ronce qui vient de se lever pour applaudir la performance. Un commentaire piquant est glissé à l’oreille de Marie alors qu’il se lève à son tour.

Il réajuste ses gants et en fait craquer le cuir. De mémoire, personne ne se souvient avoir entendu le chevalier de Gambardin congratuler une troupe ou un artiste. Cette nuit ne fera pas exception. L’homme n’est guère un ami des arts, ni du genre humain. Ce qui, naturellement, ne l’a jamais dissuadé d’assister à quoi que ce soit.

« Voilà qui est achevé, nous allons pouvoir descendre et nous mêler. » déclare-t-il avec un fatalisme terrassant.

Il offre son bras avec un sourire de circonstance et redescend jusqu’à la salle de bal. Une fois entré dans la cage au fauve, Laurence se détache de la violoniste.

« Je vais chercher à boire. » déclare-t-il en guise d’excuse. Il s’éloigne de sa démarche fière, la mine altière mais, alors que Marie peut l’observer avec son verre de vin rouge à la main entamer une conversation avec une autre dame aux pommettes roses et au cou paré d’un splendide collier aux pierres lapiz des mines de Thoraz, la réalité tombe comme la nuit succède au jour. Laurence n’a pas l’intention de prendre un second verre pour elle, ni de quitter son admiratrice à qui il offre des petits rictus de complaisance.

Elle glousse.

Il avale une gorgée de vin.

Pas un regard sur le côté, ni même en arrière. Une seconde dame se joint à la première, puis un homme et voilà la discussion qui part bon train sur les dernières ragots. La faillite d’un tel, le comportement scandaleux d’un fils, l’arrivée en ville d’un ambassadeur à qui on prédit de nombreux soucis tant il représente une nation de coquins et de voleurs.

À Laurence d’approuver, de médire, d’écouter que d’une oreille et d’avoir un sourire mauvais quand l’une des dames rappelle en pouffant les derniers rebondissements qui avaient constituer l’affaire dite des « tartelettes à la crème ».
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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeJeu 22 Oct - 0:50

Bien vite, la saltimbanque comprend qu'il ne reviendra pas. Qu'il l'a soit laissée tombée, soit qu'il la laisse se débrouiller, considérant qu'il l'a assez aidée et que pousser plus loin encore l'ennui. Il est vrai, il a largement fait sa part, qu'il ait eut de curieuses intentions ou à l'inverse vengeresses.
Bah, elle ne reste pas plus d'un instant désemparée avant de se reprendre. Que va elle faire? Perdue pour perdue, elle a tout loisir de l'entrainer avec elle dans sa chute... il en aura bien plus mal, et ce ne sont pas les idées qui manquent. Elle pourrait par un accident malencontreux, fortuit et totalement imprévisible renverser un grand verre de vin sur sa blanche liquette... mais non, c'est mesquin, elle vaut mieux que cela. Et puis l'on admirerait son courage, non sa puérilité.
L'esprit vif passe en revue ces quelques solution jusqu'à ce que, rapidement, une autre idée lui vint, franchement amusante qui plus est.

Répondant à un badeau venu s'enquérir d'elle, après que son cavalier l'eut laissé tombée avec une telle goujaterie -par pitié, par curiosité ou simple cruauté d'homme désœuvré... à moins que ce ne soit le stupre face à une proie d'apparence facile-, l'audacieuse ribaude répond avec aplomb qu'elle est sa lointaine cousine, de fait, Marie de Gambardin... avant d'offrir au malheureux un sourire de requin qui le fait frémir jusque dans ses chausses.
Bientôt, elle devient objet d'attention, de sollicitations et de questions, de regards méfiants ou craintifs -comme si par procuration elle pouvait déclencher la foudre familiale-, et véritable centre de discution d'un petit groupe de jeunes audacieux amoureux du risque et intrigués par l'œil rouge si exotique de la joliette jouvencelle.

A tous, elle répond avec une amabilité parfois acerbe -après tout, la pique est un peu de famille-, mais avec patiente et distinction. Qu'aime-t-elle manger? A-t-elle soif? Ah, oui, si fait... Qu'aime-t-elle faire? Sait elle jouer d'un instrument? Oui, du violon, et fort bien avec ça -la modestie aussi, étant de famille- Aime-t-elle la poésie?
A tout, la jeune femme répond avec finesse, jamais trop bien pour mettre ses interlocuteurs mal à l'aise, jamais trop peu au risque de passer pour ignorante. Distinguée, cultivée, le temps passe et elle ne lasse pas son auditoire, son rôle tenu si bien qu'on l'eût crue fabriquée dans le même moule que ses interlocuteurs, une petite note de sauvagerie en plus.
L'on ne s'étonne pas que l'odieux personnage l'ait caché à la cour si longtemps et les invitations à danser se multiplient.

Échangeant le mystère contre la foule, non oublieuse de la fourberie humaine pour autant, la belle enfant finit par accepter une proposition. Non pas du plus beau ni forcément de celui qui se pare le plus de breloques... mais de celui qui véritablement semble riche sans avoir besoin de le montrer, assez bien de sa personne, portant une jeune moustache ajoutant un peu plus encore à sa prestance.
Le choix fut judicieux, car s'il n'a aucun don en ce domaine, l'homme est bon danseur. A la grande satisfaction de ce dernier, elle aussi.
Les pas, bien connus, sont exécutés correctement, avec une grâce toute féminine, et le couple évolue sur la piste avec naturel... jusqu'à la fin du morceau ou son partenaire, un peu déçut, accepte de laisser sa place à un autre.


Dernière édition par Marie Canteloup le Jeu 22 Oct - 15:23, édité 1 fois
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Nessa Calianthe

Nessa Calianthe


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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeJeu 22 Oct - 11:42

Le silence frappait chacun des artistes, en une douleur muette, comme des secondes éternelles où le doute cède à la certitude. La salle était emplie de non bruit, épais et gluant ; le spectacle terminé, avait-il failli à sa réputation ? La Danseuse avait-elle déplu au point de n'avoir aucun compliment ? Tous les acteurs se tenaient raides, fixant pour certains le publique stoïque, cherchant pour d'autres la sortie la plus proche.

Puis les " Clap... Clap... Clap... Clap... " résonnèrent dans la salle, renvoyé en écho par l'acoustique sans faille du lieu. Le son éclatant des mains nues, comme un hommage particulier aux artistes, toucha particulièrement Nessa. Il était rare, pourtant, qu'un homme prenne le soin d'enlever ses gants, dans une telle soirée, pour applaudir le spectacle. Du coin de l'oeil, la danseuse aperçut d'où venait son paiement ; ombres, ors, pourpres et azurs habillaient par touches le gentilhomme.

Les " CLAP CLAP CLAP CLAP " s'enchaînèrent, effrénés, rageurs. C'était un succès total. La Dame Calianthe, alors, se releva d'un geste délié pour saluer la foule. Une grande révérence, un brin gracile et trop technique pour les Dames de la noblesse ; c'était son dernier pas de danse. Elle se retira donc, avant que la salle ne se vide. Elle devait se préparer au Bal donné, où elle était invitée. La Danseuse de renom, de retour dans la ville, provoquait nombre curiosités qu'elle trouvait malsaines ; cependant, ce Bal lui permettrait sans doute de profiter de la générosité d'un petit nobliau trop imbibé d'alcool pour se rendre compte qu'il n'aura jamais ses faveurs. Un sourire s'esquissa sous le voile de Nessa, pendant qu'elle atteignait la petite salle qui lui servait de loge.

« Voyons, quelle robe, quelle parure, quel nobliau... »


Elle sortit d'une malle une robe rouge, portant foules de rubans et de dentelles fines.

« Fanfreluches, voilà qui est bon pour les petits bourgeois, pas pour la noblesse. Quelque chose de plus simple, simple et efficace. »


D'autres robes suivirent la première, jetées sur une chaise.

« Celle-ci fera mieux l'affaire » conclut-elle.

Elle se déshabilla rapidement, enlevant les restes découpés de son costume, lesquels rejoignirent les toilettes délaissées sur le côté, et enfila soigneusement la robe choisie. Elle était dans les mêmes tons que sa tenue de scène, d’un rose pâle, comme lavé dans un nuage de blanc. La gorge découverte, mais pas trop ; cachant juste ce qu'il faut sans attenter à la pudeur. Une taille ajustée, relevée d'une petite rose de tissu, pour soulever sa finesse. Des manches flottantes tombant sur les épaules, courtes mais rejointes par de longs gants blancs. Un châle de même couleur que la robe venait compléter le tout. Un agréable tableau, certes, mais il manquait tout de même le collier d'opales que la Dame s'empressa d'attacher à son cou ; quelques arrangements sur sa chevelure lâchée ornée de fleurs de cerisiers et un dernier regard à son voile, garant de l'anonymat de son visage, puis elle quitta sa loge, un éventail en main, et se dirigea vers la scène du Bal.

Les musiciens jouaient de fins morceaux, incitant les gens à la danse, plus classique et accessible. Elle entra sans cérémonie, jugeant les autres de quelques œillades, et traversa lentement la salle, attendant qu'un crétin l'aborde pour se jouer de lui.


Dernière édition par Nessa Calianthe le Ven 23 Oct - 22:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeJeu 22 Oct - 18:49

Monsieur de Vorkosigan se tenait en cette assemblée tel le poisson dans l'eau. Il naviguait entre les convives à la manière d'une Anguille parmi les roches, savait se faire Poisson Pilote pour guider les gens un peu perdus vers leurs camarades, devenait Poisson Rouge lorsqu'il fallait afficher l'étonnement lors de des conversations peu intéressantes et montrait un appétit qui aurait tenu de la Baleine s'il s'était laissé aller.


Avec l'aisance conférée par l'habitude et une parfaite connaissance des conventions sociales appréciées par les gens de la petite noblesse, Miles de Vorkosigan s'insinua dans nombre de cercles où commenter l'actualité. Tel était l'un des petits secrets de la Ronce. Écouter. Contrairement à ce qu'en pensait la plupart des gens, il était rare d'écouter. Souvent en lieu et place d'une écoute, on se contentait d'entendre - comprenez par là le simple phénomène de vibration agitant l'oreille interne - sans chercher à écouter, à comprendre et à analyser. Et pour la Ronce, tout ceci, cette « écoute active » était importante... Ces gens étaient ses gens... La troupe - pour ne pas dire le troupeau - de ses informateurs, de ses enquêteurs, de ses inquisiteurs ou inspirateurs. Son réseau d'informations.

En s'excusant, il quitta un groupe devisant de la soudaine montée des taxes d'arrimage et de l'augmentation du prix de la noix de Cabou, sans toutefois faire le lien de cette flambée des prix avec la collecte d'un nouvel impôt destiné à doubler la solde des soldats en Mer. L'un plus l'autre indiquait une recrudescence de l'activité des Gens de la Mer, que l'on nommait souvent bien plus directement « Pirates ». Dans la même eau, tout ceci indiquait que Logre manquait de soldats, puisque les renforts de soldes n'étaient plus investis dans le recrutement de nouvelles recrues.

Tout ceci ne sentait pas vraiment bon... Pas vraiment... bon.

La Ronce de Logre se redressa de toute sa taille, cherchant quelqu'un dans la foule, une petite dame qui lui devait quelques faveurs. Non. Pas de celles que vous imaginez. Non ! Pas d'or non plus ! Car il était rare que la Ronce demande une quelconque rétribution pour ses menus ouvrages. Toujours est il que cette personne devait bel et bien se cacher puisqu'il ne la trouva pas. Il laissa son regard flotter encore un peu entre deux eaux, avant de remarquer le point central de l'occupation de la plupart des convives.

Monsieur de Vorkosigan fît une légère moue. Lui si attaché à l'analyse des détails oubliait parfois de soigner le plan d'ensemble. Bien. Il fallait y remédier dans les meilleurs délais. Réprimant une moue d'enfant pris en faute, il dévia de la route de Laurence de Gambardin, prenant bien soin de toujours le contourner par la face sud. Puis, un malheur ne venant jamais seul, il se faufila hors de la zone d'attraction de la cousine de ce triste sire.

Quelques pas plus loin, l'œil malicieux, il intercepta un des membres du service, qu'il débarrassa de son précieux ouvrage : six verres de champan, plateau inclus.

« Mais que ! » lui glissa le jeune homme, surpris de cette manœuvre, réalisée dans le mouvement avec tant de spontanéité qu'il n'en fût même pas pétrifié.

« Allez faire annoncer une autre série de danses de couple, je vous prie. » lui dicta la Ronce, d'un ton coulant et courtois, qui n'appelait pourtant à aucune contestation.

Monsieur de Vorkosigan arma son plateau, s'approchant des redoutables prédateurs qui s'assemblaient autour de la Danseuse de premier rang. Ces derniers, sachant l'heure des valses proches, sentaient leur moment de gloire venir et tout en s'observant les uns les autres, préparaient leurs rîmes et autres flagorneries d'usage, qu'ils tiraient à la vitesse de l'escrime bien que certaines soient éculées, venant directement d'autres ages.

Le mouvement lent, le bras calme et plat, Monsieur de Vorkosigan fît le service à la ronde autour de la Dame, donnant à chaque main de quoi pavaner, en l'occurrence d'un verre de cristal doublé d'un alcool pétillant et doré. D'une manière anonyme - les nobles ayant pris l'habitude de ne pas regarder les gens qui les servaient - il distribua autant de verres que de soupirants, lesquels se trouvèrent bien mal à l'aise lorsque les premières notes résonnèrent, alors que leurs mains encore pleines leur interdisaient toute approche directe.

Monsieur de Vorkosigan se planta en plein milieu de ces gens, prenant la place convoitée, face à la Danseuse.

« Ma Dame, si je puis me permettre... » dit-il en déposant son plateau au sol et en le faisant glisser du plat du pied sous un imposant buffet.
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeVen 23 Oct - 18:32

« Vieux serpent, tu nous avais caché ça ! » s’exclame en riant l’homme qui vient de très familièrement passer un bras autour des épaules de Laurence. La vingtaine, un assez beau visage quoique le nez puisse être jugé un tantinet long, on devine qu’il s’agit d’un compagnon de débauche. Aucun être de raison ne viendrait de toute façon rire aux côtés d’un chevalier de Gambardin qui se contente de grimacer avec morgue.

« Elle est aussi jolie que tu es vilain, mon ami, et elle a des arguments qui méritent qu’on s’y arrête. Présente la moi. » continue le brigand en souriant de plus belle.

Laurence n’a rien manqué du manège de la saltimbanque. Il a même songé à un moment intervenir personnellement et il ne se serait pas retenu s’il avait pensé que ce ne serait pas donné trop d’importance au petit jeu de la péronnelle. La danse par contre le contrarie presque autant que la présence à ses côtés de Jarmin. Compagnon dans l’excès et esprit retors, sa parfaite incivilité le lui rend supportable la plupart du temps. Le seul soucis de Jarmin est son excessive jovialité et cette agaçante façon de le considérer comme son meilleur ami. Ils ne sont pas amis. Tout au plus partagent-ils le même radeau pour affronter la mer boueuse de l’existence, mais cela s’arrête là et n’ira jamais plus loin.

La danse… Que les dieux lui soient témoins, il ne l’aurait jamais invité. Et si elle était venue se frotter à lui comme une chatte, son plaisir aurait été total à la repousser. Mais ce nigaud qu’elle s’est trouvée. Cet homme qui n’en est même pas un. Un imbécile, un faible, un fat, un nobliau de rien qui ne mérite pas la soie dans laquelle il dort.
Ce sous-genre de l’espèce humaine pense-t-il vraiment pouvoir faire danser sa maîtresse devant lui sans rien risquer en retour ?

Ce moins que rien se croit-il donc tout permis pour imaginer faire danser sa cousine, aussi imaginaire soit-elle, sans avoir le devoir de lui demander l’autorisation avant ?!

« Laurence, tu m’écoutes ? Tu as un drôle de…
- Tiens moi ça, le coupe brutalement le chevalier en lui remettant son verre à moitié vide.
- Hein ? Attends, Laurence ! Bon sang, c’est pas vrai, il… »

Il s’avance d’un pas décidé tout en retirant un de ses gants de cuir sous le regard médusé de ceux qui comprennent immédiatement de quoi il en retourne.

Arrivant dans le dos du malheureux et nouvellement esseulé cavalier de Marie, il pose une main sur son épaule. Lorsqu’il se retourne, ce dernier n’a que le temps de blêmir avant que le rouge ne s’y superpose par l’effet de la gifle sonore qu’il vient de recevoir du bout du gant.

« Monsieur, vous et moi à l’aube dans les jardins. Préparez votre âme au passage, je ne vous concéderai aucune clémence ! »
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Nessa Calianthe

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeVen 23 Oct - 22:11

Ils étaient là, attendant sa venue. Se pavanant devant les Dames, répétant leurs numéros de charmes, ils s'exerçaient avant les danses de couple. Ils étaient comme des poissons, dans des costumes lustrés et brillants, occupés par de petits appâts de dentelles. De loin, et avec la musique, la réception ressemblait à un gigantesque ballet aquatique, où chaque individu se déplaçait en harmonie avec les autres, d'un groupe de poisson à l'autre. Mais un hameçon n'allait pas tarder à jouer les troubles fêtes, à perturber ce petit monde réglé à la baguette.

Et ils devraient mordre.

Nessa s'avança, tranquillement, sans s'arrêter près des groupes déjà formés. Des discussions ça et là menaient bon train, devisant des taxes, des prix trop chers, du coût élevé des produits d'importation, de choses ennuyeuses, en somme. Elle évitait les bancs, parfois entraînant dans son passage quelques curieux ravis de se soustraire aux discutions barbantes. Comme un aimant, elle attirait des hommes et même des femmes, puis s'arrêtant soudain à un endroit peu avant vide de la salle, elle forma son propre groupe. Elle avait ferré des célibataires, elle devait maintenant en choisir un. Et le pêcher, à point.

Peu à peu, les femmes quittaient son cercle, vexées de ne point être les cibles de toutes les admirations ; il n'y en avait que pour la Dame Calianthe, l'extraordinaire Danseuse, celle qui avait illuminé la réception par sa présence. A tous ces dires, Nessa hochait aimablement la tête. Ils n'étaient que foutaises, bien entendu ; elle était rôdée à ce genre d'exercice, à ces flatteries mondaines, si bien qu'elles ne lui tournaient plus la tête. C'était une des façons peu discrètes de la séduire dont les hommes usaient et abusaient avec elle. Par la force de l'habitude, sûrement.

Elle avait donc le choix. A sa gauche, directement, un Monsieur bien entreprenant, exhibant nombres bijoux dorés, sûrement empruntés discrètement à quelques compagnes. Il tentait de détourner l'attention de sa calvitie bien avancée par divers discours sur la danse, qu'il disait pratiquer à la perfection. Il aurait été un candidat sérieux, si sa femme, une dame bien en chair, n'avait pas eu l'incorrection de l'emporter loin de la tentation peu avant le commencement des danses. A sa droite, au contraire, un jeune premier la dévorait littéralement des yeux ; mais qui dit jeune premier, dit jeune fauché. Il était donc éliminé d'office. A la droite du jeune homme, un gros industriel se vantait de sa fortune ; apparemment, l'industrie navale avait pris depuis peu un essor tout à fait particulier. Lui pourrait faire l'affaire, car il avait eu la délicatesse de laisser sa femme avec ses gosses, bien à l'abri des mondanités. En face, un autre bourgeois du même type haussait le ton pour focaliser l'attention sur lui. Un combat de coqs, se battant pour ce qu'ils pensaient être une poule de luxe. Heureusement pour elle, Nessa s'estimait trop pour accepter d'être comparée à de la volaille. Malheureusement pour eux, Nessa les estimait bien moins qu'une aile de poulet.

*Au moins, les ailes de poulet ont bon goût...*

La Dame s'empêcha de pouffer de rire à sa pensée. Un nouvel élément se mettait en place dans son groupe, qui perturbait l'ordre établi. Un homme, d'ombres, d'ors, de pourpres et d'azurs distribuait de ci de là des verres de champan, habilement, bien qu'il n'ait rien d'un serveur. C'était l'homme qui avait applaudit en premier son spectacle, elle se rappelait la couleur de son costume. Une deuxième salve de danses de couple allait être bientôt lancée ; chacun attendait le moment propice pour remporter la première valse avec Nessa, et ainsi gagner la soirée avec elle. Cependant, quand les premières notes retentirent, ils se trouvèrent bien embarrassés avec leurs verres. Et le nouveau venu en profita.

« Ma Dame, si je puis me permettre... »
dit il en déposant son plateau au sol et en le faisant glisser du plat du pied sous un imposant buffet.

« Avec plaisir, Monsieur... l'Inconnu » répondit-elle, son sourire caché par son voile.

Elle savait qu'elle n'avait pas affaire à un imbécile, vu sa manière ingénieuse de procéder. Point de crétin décérébré pour cette fois ! Elle n'aurait du coup sans doute pas de cadeau coûteux pour supplément à son spectacle, mais elle pouvait au moins s'offrir une danse, voire la soirée entière, en agréable compagnie.

Ils s'avancèrent donc sur la piste de danse, où déjà quelques couples se formaient.
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La Ronce de Logre

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeVen 23 Oct - 22:40

Monsieur de Vorkosigan gratifia la jeune femme d'une légère inclinaison du buste, soulignant le choix de cette dernière par l'exercice des bonnes manières. Il se redressa lentement, tâchant de ne point montrer trop de hâte, puis offrit son bras en escorte pour conduire la Dame jusqu'à la piste de danse.

Attentionné il cadença ses pas sur la longueur de ceux de sa compagne de Bal et se posta face à elle alors que l'orchestre laissait filtrer quelques premiers accords, relâchant leur nervosité dans l'éther son à son. Car ce genre de moments étaient - sans jeu de mot - le point d'orgue de tout bal mondain, celui où les couples se formaient devant un parterre constitué de puissants et de nuisibles, qui savaient faire une réputation ou colporter de puissants ragots.

« Monsieur de Vorkosigan, pour vous servir, Dame Calianthe » glissa t il en guise d'introduction rituelle. Il se présenta de trois quart de face, levant leurs mains réunis à hauteur des épaules de la Dame Oiselle. Forcément, marquer le pas de danse avec une professionnelle était toute une épreuve, en sus d'être un plaisir.

Le violon égraina quelques notes sonores dans l'air, laissant encore quelques secondes aux participants pour se préparer et à Monsieur de Vorkosigan le temps d'envisager sa propre stratégie.

Le pied gauche du jeune homme se déroba, glissant en arrière sur un rythme parfaitement ordonné, laissant les épaules se dérober afin de permettre une révérence parfaitement exécutée, quoique fort contraire aux usages, tirant quelques critiques de vieilles commères et quelques soupirs d'aise de plus jeunes dames.

La Dame Calianthe était une Déesse descendue de scène pour honorer le plancher des danses des hommes, et Monsieur de Vorkosigan fût le premier à le reconnaitre. Sa posture de révérence tenait à la fois d'une posture mondaine et de la sacralité d'un pénitent venant porter quelques secrets messages à une statue venue du monde antique. Le visage baissé en signe d'humilité devant le talent de la Dame n'enlevait à rien à l'axe de son regard, resté fixé sur la jeune femme durant tout le mouvement.

Il se redressa d'un mouvement leste et souple, trahissant de nombreuses années à parfaire le contrôle de son corps, comme le font bien souvent les danseurs ou les amuseurs du cirque, tirant la Dame Calianthe à lui dans le même temps.

« Valse à quatre temps, en comptant les pas manqués de ma part. » lui dit il en prenant posture, entamant le mouvement de rotation propre aux danses valsées. L'orchestre prouva qu'il était un corps muni d'un seul esprit en laissant les notes s'envoler à l'unisson, tantôt de façon groupée, tantôt d'une manière déliée.

Et ainsi allaient les danseurs, deux à deux, en Logre, sous les étoiles.

D'un geste embusqué dans sa manche, il haussa sa main et celle de sa cavalière entre eux, imposant soudainement une distance que la danseuse interpréta à l'instant, ne se laissant point perturber par cette infraction aux règles de la valse régulière de Logre. D'une attitude rendue possible par les années dédiées à l'étude de nombreux pas de danse, cette dernière imita les mouvements de son cavalier, lequel les entrainait en une lente spirale dont le point central était la jonction de leurs deux mains.

Monsieur de Vorkosigan avait pris les devants. Incontestablement moins adroit que sa cavalière et empressé qu'il était de lui offrir une de ces surprises qui font les instants délicieux de la vie, il s'était résolu à tenir la seule attitude possible.

Puisque la Dame Calianthe surpassait son talent à toute les danses, il n'était possible alors que de s'engouffrer en une seule tactique.

Inventer la danse, pas à pas.

Lançant sa botte, il s'esquiva vers la droite, laissant sa cavalière imiter son mouvement, puis vers la gauche, d'une réplique les conduisant peu ou prou en leur point de départ. Cela se nommait l'avancée.

D'une main pointant vers les étoiles - là où l'imbécile n'irait voir que le plafond - il fît pivoter sa cavalière alors que lui même restait fixe, de côté, pour la recevoir dos contre lui. Il bloqua leur pose un instant, le temps de s'exalter d'une fragrance laissée évasive au cou de la Dame, avant de la relâcher. Cela se nommait l'enlacement.

Puis il enchaina d'une ronde plus rapide, presque conforme aux us et coutumes des valses que l'on pratiquait dans les Maisons Courtisanes, ces familles aux richesses n'ayant d'égale que leurs dettes envers leurs fournisseurs d'amusement. Cela se nommait la ronde à quatre temps.

Les témoins de la scène se scindèrent en deux parties, à priori égales. Des rivages, les observant de loin, la troupe des jaloux et des envieuses. Plus proches, leur équipage, embarqué avec eux en une délicate traversée les ayant mené au centre de la salle, là où observent les plus douées marieuses.

Ronde... Ronde... Avancée... Ronde... Avancée... Avancement...

Les règles de la danse étaient désormais posées et connues de deux participants, mieux maîtrisée désormais par la Muse que par le Poète.

« Attention ... Il est une dernière extravagance...vers la fin. » lui dit il alors que les musiciens entamaient leur final, poussant leurs organes dans leurs derniers retranchements.

Monsieur de Vorkosigan se saisit des deux mains de sa partenaires et brisa l'enchevêtrement de leurs pas, se tenant face à face, à bout de bras, tournant l'un par le poids de l'autre comme le font bien souvent les enfants, en cour d'écoles.

La Ronce de Logre rit légèrement, grisé par le moment, avant de reprendre la Dame Calianthe contre lui, en un dernier enlacement tombant sur la danse, comme le silence sur la scène.
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeLun 26 Oct - 19:49

Les quelques spectateurs de la scène restent stupéfaits et rapidement les suppositions vont bon train. On s’étonne du sort de la nouvelle victime du Chevalier de Gambardin. Personne n’aurait pu prédire qu’un jeune homme aussi incolore ait pu se faire un ennemi si sérieux que l’ange de la mort en personne vienne lui donner son dernier rendez-vous.

Plus rares sont ceux qui, sans toutefois trop y croire, font un lien entre la cousine et la saute d’humeur de Laurence. Une affaire personnelle, ce serait bien une nouveauté. Après tout, le bretteur est connu pour sa maxime « Sans cœur, ni honneur. ». Certains prétendent l’avoir même vu tatouée à même son cou. Pur fantasme. Si quelques dames peuvent témoigner que la peau de Laurence est vierge des marques qui sont le plus souvent la gloire des voyous et des marins, il est curieux de noter que plutôt que de rétablir une quelconque vérité, elles préfèrent y ajouter de leur ragot.

D’une bouche à une oreille, la nouvelle du duel se répand comme une trainée de poudre. Si la plupart feignent d’être choqués, d’autres se proposent déjà d’apporter du vin, des petites quiches, et tout ce qui peut rendre l’évènement festif et agréable.

Demain, les plus courageux, qui sont aussi de la catégorie des plus matinaux, prendront leur petit-déjeuner dans l’herbe.
De tous, Jarmin est le plus défait. Bien sûr il déteste le sang, encore qu’il arrive à s’en accommoder lorsqu’il ne s’agit pas du sien, mais c’est surtout l’heure choisie qui le fait frémir. Le regard de chien battu qu’il lance à son ami est très clair là-dessus.

Ses gants repositionnés correctement sur ses longues mains, le chevalier tourne les talons et emporte Jarmin dans son sillage.

« Ne me donne pas de cette mine de condamné.
- La main blanche t’emporte, Laurence. Tu es un foutu égoïste ! Continue comme ça et tu devras te trouver un nouveau témoin. Et puis, il t’a fait quoi ce pauvre type ? Sa chemise est ridicule, je te l’accorde, mais si on devait l’occire pour ça il faudrait faire passer par le fer la moitié de cette maison. »

Gambardin glisse un regard des plus sombre sur son compagnon à cette remarque.

« Sauf toi, bien sûr. Tu es parfait.
- Tu me donnes la nausée, Jarmin. Viens avec moi, ce soir j’ai besoin de me changer les idées.
- Je connais un endroit que tu vas adorer ! »

Les deux hommes quittent la salle de bal sans un regard en arrière pour ne prendre le temps que de récupérer manteaux et cannes. Jarmin, plus porté sur l’excentricité que son compère, a ajouté à l’ensemble un chapeau à bord large et au repli du côté droit doté d’une plume pour le moins voyante. N’importe qui serait ridicule avec un tel couvre chef, mais, par un mystère qu’aucun clergé n’est à l’heure actuelle capable de lever, pas lui.

Alors que l’air frais apporte trente secondes de lucidité à l’esprit toujours en mouvement de Jarmin, une question subite lui vient.

« Tu vas laisser ta cousine ici ?
- Elle est débrouillarde, c’est de famille. »
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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeLun 26 Oct - 22:59

En effet, à peine a elle le temps de lâcher la main de son tout premier cavalier que celui ci se fait souffleter et provoquer en duel. Diable de chevalier, le voilà bientôt mort et le reste des soupirants en fuite.
Dame, il est aisé de comprendre à présent qu'il l'ait tant cachée, la cousine, ou qu'elle ait tant tardé à se montrer: s'il doit ainsi occire chaque individu de sexe masculin désirant lui faire la cour, on admettra volontiers que par charité et pour ne point trop hausser le taux de mortalité chez les gentilshommes, la demoiselle évite de trop danser.
En tout cas et à moins de le faire dans l'ignorance du fieffé cousin, ce n'est pas de suite que la charmante enfant pourra se trouver un époux capable de passer la nuit de noce sans expirer.

Un rien surprise, en tout cas contrariée, la saltimbanque en conclut qu'il n'est plus temps de s'amuser.
Nul autre homme n'aura sans doute le cran de venir auprès d'elle lui réclamer une danse. Dommage.
Ah le fâcheux! Le trouble fête! L'empêcheur de valser en rond!
Ce capricieux possessif et ombrageux au sang chaud!
... Qui vient de quitter la salle de bal en compagnie de son ami à l'allure délurée.
Parfait, avec un peu de chance...
Enfin, il sera toujours temps d'y penser si un audacieux revient, à présent le chat partit, même alors que tel n'était pas le but originel de sa visite. Mais comment faire?
Il est certain qu'à présent, elle aura été remarquée. Rien de voisin de près ou de loin avec le violon pourtant, et hélas. Tout n'est peut être pas tout à fait perdu...

En tout cas, elle sera des spectateurs, le lendemain matin. Autant pour faire connaissance avec les voyeurs présents que pour profiter des amuses bouche généreusement dispensés par l'un des nobles venus assister à la macabre représentation. Ou rendre un dernier hommage au malheureux qui, ma foi, l'a bien mérité. Accessoirement.
Elle lui doit bien ça, quoi que l'intention de nuire n'y ait pas été.
Oui... elle apportera son violon.
Elle aurait peut être du songer à cette éventualité, malgré tout. Voilà la demoiselle en train de s'interroger sur la signification d'une telle réaction de la part de son triste sire tout en introduisant lentement un second petit four entre ses lèvres gourmandes, d'un geste distrait et pourtant gracieux.
Tout de même, la musicienne s'attendait à pire. Ou à mieux.

Comment savoir?
Étrangement, ce qu'elle peut penser du sieur de Gambardin se fait de plus en plus complexe et contradictoire. Le moins que l'on puisse dire de lui c'est qu'il est... divertissant. intéressant.
Sans doute finira elle par s'en lasser ou périr, mais fi donc! Pour l'instant, elle a l'envie de boire cette coupe là jusqu'à la lie et de voir à quelle facéties il pourrait encore subsister.
Un jeu bien dangereux pour une damoiselle de musique désœuvrée, à armes bien inégales. Pourtant, l'enjeu n'en est que plus attrayant ainsi... car s'il avait été d'abord trop facile, rien de tout cela ne serait aussi passionnant.
A défaut de concert...

Regardant un temps le couple constitué de la danseuse et de l'homme remarqué au début de cette soirée évoluer sur la piste, la ribaude en élégante robe de soirée décide de se remettre en mouvement, ignorant avec superbe les regards posés sur elle, se saisissant avec la simplicité autoritaire de ceux qui en ont le droit d'une coupe de champagne. Dirigeant ses pas vers un balcon où regarder les étoiles un peu plus au calme afin de se changer les idées, Marie conclut que ce n'est là qu'une simple déception supplémentaire, négligeable, qui sera rapidement balayée par la fraiche brise nocturne.
Tournant le dos à la fête que sa présence aura un peu perturbée, la lune seule éclaire à présent son visage tandis qu'elle savoure le précieux et pétillant liquide.
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Nessa Calianthe

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 27 Oct - 0:18

Fermant les yeux de plaisir lors du dernier enchaînement, la Dame Calianthe se laissa aller à une vague de souvenir, lorsque sa propre mère, Danseuse de grande renommée, lui avait appris à contrôler son corps et les forces qui le contraignaient par un pareil pas de danse enfantin. Elle termina avec grâce, se laissant faussement mener par son cavalier ; la fin logique du spectacle était, forcément, un dernier enlacement qui laisserait rêveurs les plus habiles danseurs.

Les notes restèrent suspendues dans l'air, comme à la fin de chaque représentation, où l'artiste attendait ce tonnerre d'applaudissements qui consacrerait à jamais sa carrière. Car c'était bien du spectacle, et rondement mené ; l'on parlerait pendant longtemps dans les nobles assemblées de ce duo si bien assorti.

Après une autre révérence, tout aussi souple et calculée, ainsi que quelques claquements de main appréciateurs, Nessa entraîna Monsieur de Vorkosigan sur le bord de la piste de danse, assez loin des intrigants pour n'être entendue que de son compagnon, et assez près des autres danseurs pour ne pas être gênée par d'éventuels intervenants indiscrets. L’incident survenu peu avant leur valse ne l’avait pas troublée outre mesure ; il arrivait souvent que quelques gentilshommes trouvent de bon goût de provoquer esclandres et émotions auprès des Dames de la Noblesse. Aussi, la concentration de la Danseuse était tournée exclusivement vers son cavalier, qui était d’une qualité assez rare.

« Monsieur de Vorkosigan, force m'est de constater que vous avez surpassé bon nombre de cavaliers qui ont eu la chance - ou le malheur - de m'accompagner. Bien peu se sont risqués à inventer des pas de danses, et tous ont échoué à leur propre jeu. »

La Dame inclina la tête en signe de reconnaissance et esquissa un sourire sincère à travers son voile. Glissant une main à sa ceinture, elle en retira un éventail, qu'elle ouvrit d'un coup sec, et s'éventa avec plaisir. Elle n'avait pas tout à fait récupéré de son propre spectacle, aussi la danse l'avait-elle passablement essoufflée, ce qu'elle tentait de dissimuler, comme il est d'usage dans les Soirées.

« Si votre intention était de m'impressionner, je reconnais bien volontiers votre talent. Cependant je vous soupçonne fortement de vouloir attirer l'attention sur vous ; serait-ce pour une Demoiselle bien difficile qui se refuse à vous ? Celle-ci, peut-être ? »

Elle désigna d'un mouvement d'oeil une jeune fille toute fraîche, occupée à regarder niaisement dans leur direction. Puis elle sourit franchement.

« Dans ce cas, je ne vous suis plus d'aucune utilité, je crois bien que vous avez réussi haut la main dans votre entreprise. La Demoiselle doit être terriblement jalouse de moi, en ce moment même ; je vous l'assure. Quant à vous, vous vous êtes attiré les foudres des gentilshommes que vous avez écartés bien habilement de mon entourage. La balle est dans votre camp, Monsieur. Vous avez gagné, par votre audace, ma compagnie et ma sympathie pour toute la soirée, si vous le souhaitez. »

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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 27 Oct - 15:17

Monsieur de Vorkosigan s'orienta légèrement vers la dite jeune fille en fleur n'ayant d'yeux que pour lui. Il la gratifia d'un sourire charmant, quoiqu'un brin gêné aux entournures. Pour vous avouer l'entière vérité, il ne la connaissait ni d'Ève, ni d'Adam, détail qui fort heureusement ne l'empêcha pas de poursuivre.

« ... une fort délicate enfant, pour qui n'a pas vu son père, un important négociant en pièces de cuir, lequel dégage via sa pipe une fumée plus importante que toute les tanneries qu'il dirige... Entre l'odeur du tabac et celle du cuir, je passe de Charybde en Scylla à chaque fois qu'il m'entretient de sujets d'importance... » Annonça t il d'une voix doucereuse, tout en cherchant des yeux à la ronde un personnage invisible.

« Si la fille est présente, c'est qu'il doit se tenir dans le coin, embusqué et prêt à s'enquérir de mon avis sur l'avenir des manufactures de tabac auprès de la noblesse.. » poursuivit il en dévisageant les gens présents à la dérobade, à la suite de quoi, il porta de nouveau sa pleine attention envers la Dame Calianthe.

« Oserai-je vous mêler à ces affaires... » dit-il en laissant trainer sa voix. « J'accepte fort volontiers de poursuivre cette soirée en votre compagnie, Dame Calianthe. Néanmoins, puisque je dispose du qualificatif d'audacieux, peut être accepteriez vous de ... » mit-il en suspens, le temps qu'un couple passe auprès d'eux et s'éloigne de quelques pas. Il les observa d'un air un brin soupçonneux, comme si le Maitre Tanneur avait pu se grimer en Dame de la Cour pour mieux espionner ses dires. « ... de me laisser profiter de votre compagnie pour encore un temps, mais en d'autres lieux... Je me ferai une joie de vous escorter jusqu'à vos appartements, en ville, si vous le souhaitez. » conclut-il provisoirement.

A quelques pas de lui s'étaient réunis plusieurs jeunes hommes, aux mises bien faites, quoiqu'un peu mornes à son goût. Un instant, il fut troublé par leurs mines graves. D'usage l'homme jaloux oscillaient entre le vert et le rouge, non entre le blanc et le gris. Réprimant une moue dubitative, il se tourna un instant vers la prime danseuse.

« Faites donc, Monsieur de Vorkosigan, autant cheminer sans accompagnateurs. » répondit-elle de sa voix légère.

Il s'inclina légèrement et s'orienta vers un groupe de trois jeunes nobliaux, dont l'un, visiblement atteint d'une maladie rare, pleurait à excès en public.


« Messieurs » dit-il en récupérant un verre de vin sur un plateau de passage.

« Monsieur de Vorkosigan, voilà notre chance. J'ai bien cru que vous alliez nous ignorer » entama l'un des jeunes gens d'une voix émue, mais ferme.

« Il est évident que vous êtes dans le besoin. » observa Monsieur de Vorkosigan.

« Et vous, dit-on, homme de solution. » enchaina le second en redressant son compagnon pour qu'il fasse face.

« Allons Monsieur, j'ai connu de fort nombreux problèmes pouvant sembler sans solution au premier coup d'œil. Présentez moi les faits sans en omettre et je vous donnerai mon avis sur de possibles solutions » nota la Ronce d'une voix paternaliste.

La victime des circonstances en profita pour se répandre, à une allure si grande que le limier manqua rater les principales circonvolutions de l'affaire.

« ... et c'est ainsi que Laurence de Gambardin me porta au duel, demain, à l'aube, dans les jardins. Monsieur, je vous en prie, assurez mon salut »

« Monsieur de Gambardin ? » demanda-t-il en guise de précision.

« Lui-même ! Ce faquin ! Ce vil ! Ce desp... »

Monsieur observa son verre de vin, de la délicate finition du verre jusqu'à la pointilleuse harmonie du nectar sanguin. D'un geste incongru, il tira cul-sec sur la boisson et reposa le verre sur une table, manquant de peu de briser le pied de cristal.

L'éloquence du geste, ou la panique, ramena le calme.

« Vous êtes dans la panade, jeune homme. » annonça-t-il d'une voix grave.

« Je le sais, Monsieur, et j'aimerai pouvoir l'être longtemps encore. »

« Laissez-moi vous poser trois questions, à la suite de quoi, je vous dicterai une décision. »

« Etes-vous riche ? » introduisit-il.

« Et bien ma foi, j'ai quelques valeurs d'avance » répondit le jeune homme d'un ton suspicieux.

« Vos parents vous aiment ils ? » poursuivit-il.

« L'on peut même dire que de moi, ils raffolent. » enchaina-t-il en se reprenant soudainement.

« Il semblerait qu'au prix de l'or, Monsieur de Vorkosigan se propose de résoudre le délicat problème Gambardin, de manière définitive » coupa l'un de ses camarades.

« Souffrez-vous du mal de mer ? » conclut-il, imperturbable.

« Et bien... non. »

Monsieur de Vorkosigan croisa ses bras et observa un instant la grande horloge. L'heure tournait.

« Monsieur, voilà mon conseil. Sur l'heure, profitez de votre argent d'avance pour demander à vos amis de réunir pour vous quelques affaires utiles à vos projets. De votre côté, vous irez saluer vos parents, lesquels vous fourniront quelques valeurs complémentaires. Après des adieux sincères, et rapides... surtout rapides, vous irez au Port toutes affaires cessantes et embarquerez sur un navire de pêche du nom de Mort-Hue ! Dont le propriétaire sera heureux de vous embarquer contre quelques valeurs et de vous débarquer hors de la ville »

Ils échangèrent quelques regards avant de se reprendre.

« Est-ce donc là votre décision ? » rétorqua l'un d'eux.

« Pour vivre heureux, vivre caché ? » poursuivit l'autre.

« C'est ainsi fait, Messieurs. »

« Seriez-vous donc lâche au point de vous défiler de Gambardin ? » enchaina l'un des accompagnateurs.

« Remplacez donc votre camarade. » rendit-il d'un ton léger. « Et vous ? Pas mieux ? » poursuivit-il en questionnant le troisième larron.

« A vos yeux, je suis peut être assez lâche pour esquiver de Gambardin. Mais mettons les choses au clair, pas pour envoyer quelqu'un d'autres à ma place. » dit-il en reprenant un verre de Champan.

« Sur ce, messieurs. A la réussite de vos projets, quels qu'ils soient. » conclut il en levant le verre en leur honneur, avant de s'éloigner.

Il s'orienta vers la Cousine de Monsieur de Gambardin.

« Mademoiselle, m'accorderiez-vous quelques instants, en cette funeste soirée ? »
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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 27 Oct - 15:48

La demoiselle en question, dores et déjà à mi-chemin de son breuvage, accoudée à une balustrade de marbre et plongée en pleine contemplation du firmament sursaute à moitié lorsqu'il lui adresse si abruptement la parole, tant elle était perdue dans ses pensées sans attendre la venue de qui que ce fut.
Se retournant, elle hausse légèrement un fin sourcil noir en reconnaissant l'individu qui l'est venue chercher jusque dans cette retraite.
Point trop d'humeur à batifoler à présent, un rien perplexe, elle lui renvoi néanmoins un sourire de convenances avant de lui répondre tout simplement:

"Ci fait, messires. Qu'en est il?"

N'étant pas du genre à trop tourner autour du pot, surtout en de telles circonstances, la cousine l'invite donc à parler sans ambages de ce qui l'amène auprès d'elle jusqu'aux balcons, alors qu'il était en si charmante et prestigieuse compagnie l'instant d'avant. N'ayant rien vu de son bref entretien avec le malheureux cavalier provoqué en duel, Marie ne peut donc que s'étendre en suppositions en attendant qu'il s'exprime.
Mettant par contre ce temps à profit pour l'observer de près, restant à peine dans les limites des convenances, elle découvre le visage de l'homme qui lui fait face.

Non pas comme une dame de cour chercherait des traces de richesse, de noblesse ou si l'individu est par hasard en plus d'être aimable pourvu d'un long nez... mais plutôt à la façon curieuse dont on observe les détails d'un tableaux, lorsque l'on découvre les traits infimes parfois révélateurs de l'humeur de son peintre.
Lorsque l'on s'étonne de la finition qui conte sa propre histoire plus encore que le sujet. Les lignes, courbes, cicatrices. Les gestes instinctifs, l'éclat des yeux, le pli d'une bouche.
Pour autant, son analyse ne lui apporte pas grand chose, à part qu'il est plaisant, en plus de ce comportement étrange dont elle l'a vu faire preuve. Plus spontané que d'autres nobles, un peu facétieux peut être.
Décidément, il lui est aussi sympathique qu'il lui inspire pour l'instant une certaine méfiance.
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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 27 Oct - 19:12

Profitant de l'absence du Chevalier de Gambardin, parti tantôt dans quelques bouges en compagnie de Jarmin, la Ronce se tenait en compagnie de la cousine de l'odieux personnage.

« Dame de Gambardin, permettez-moi tout d'abord de me présenter. » annonça-t-il en la saluant sobrement de la tête.

« Je me prénomme Miles de Vorkosigan. J'exerce des fonctions liées à l'art de l'intrigue, pratique fort en vague en Logre.. » dit-il en souriant légèrement, affichant un sourire amusé qui n'aurait pas dépareillé sur le visage d'un prestidigitateur. Enchainant immédiatement, il apporta quelques précisions à son interlocutrice.

« Contrairement à l'usage, je ne participe pas à l'élaboration de ces dernières. Par ailleurs, je ne suis à ma connaissance impliqué dans la conception d'aucune cabale et autres conspirations de palais. » poursuivit-il.

« A dire vrai, je travaille principalement à dénouer les mystères que d'autres font, en ma qualité de limier assermenté et de duelliste patenté. » conclût-il en levant son verre de champan, respectant la pause du conteur de sachant un peu écouté. Il fallait toutefois noter pour faire complet qu'il n'était assermenté qu'envers la morale et qu'en tant que duelliste, personne ne l'avait jamais vu tirer l'arme hors du fourreau, étrangeté telle qu'on commençait à sérieusement douter de ses talents.

« Ainsi donc, je tiens un commerce d'intrigues et des menus avantages que la connaissance de ces dernières peut conférer à un homme curieux » poursuivit-il en faisant quelques mouvements de la main.

« C'est pour ce genre de choses que je souhaitais m'entretenir avec vous quelques instants. Ce soir, votre cousin a lancé un défi à un homme, qui n'a eu d'autres fautes à son actif que de n'être homme de bon gout. Soyez bien assurée, Dame de Gambardin, que je ne souhaite point intercéder auprès de vous pour faire annuler ce duel. Malgré votre lien... » hésita-t-il un instant tant la chose lui paraissait incongrue.

« ... Familial... il n'est sûrement pas grand chose qui puisse être fait pour sauver la vie de ce jeune homme. Je vous serai néanmoins reconnaissant de dissuader monsieur votre Cousin de défier toute personne vous approchant à l'avenir, de peur de voir mon panel de clients se réduire semaine après semaine » avoua-t-il en se retournant vers la salle.

« Comprenez que ces gens sont le terreau fertile de mes affaires. Sans eux, ma foi, je serai bien désœuvré et donc, particulièrement ennuyé. » concéda-t-il.

« De fait, accepteriez-vous de mettre un peu d'eau dans le vin de votre cousin ? »
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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeMar 27 Oct - 19:53

Le temps de cette présentation, la méfiance de la jeune femme ne fit que croitre, bien qu'elle n'en montrât rien. Quand à la conclusion, elle manqua presque en rire, sans joie véritable, se contentant d'offrir à son interlocuteur un sourire au pli teinté d'une pointe d'amertume, discrète mais bien présente.
Elle n'en profite pas moins pour le détailler une dernière fois, sans vergogne ni honte aucune, de façon un peu plus appréciatrice, cette fois.
Ne désirant pas non plus que son comportement lui paraisse insultant, elle se fait un devoir d'apporter quelques précisions d'une voix aimable et douce:

"Monsieur de Vorkosigan, quand bien même j'essayerais d'intercéder, j'ai bien peur que cela ne serve à rien. Mon fier cousin n'écoute bien que lui même, j'en suis convaincue, et une telle demande de ma part ne servirait qu'à l'agacer d'autant plus.
Je craint par conséquent que la seule solution qu'il me reste pour vous arranger soit de me montrer discrète... ce qui est, vous l'avouerez, fort contrariant autant que délicat.
"


Regardant suite à cela la grande salle éclairée brillamment, décorée avec faste et remplie d'invités rivalisant de toilettes colorées et couteuses avec l'ombre d'un dédain naissant dans son iris vert reflétant toutes ces futiles lucioles, la belle demoiselle soupire.
D'un ample et altier geste du bras, elle balaye vaguement l'ensemble de la scène, englobant ces êtres volages autant que le monde dans lequel ils évoluent avant de poursuivre, son ton cette fois pourvu d'un peu de cynisme désabusé:

"Regardez tout de même tous ces gens qui préfèrent parler que prendre courage même une fois Laurence partit. Ah! Je crois que je vais délaisser cette soirée qui ne me promet plus grand chose d'amusant..."

Une charmante petite moue déçue qui -le pire- semble tout à fait sincère plus tard, la violoniste le salue promptement, avec la sobriété propre à une noblesse ayant oublié d'être écervelée, et se détourne tout simplement du mâle venu veiller à ses affaires, en bon limier terre à terre.
Elle allait disparaitre de sa vue de l'autre coté de l'embrasure de la porte fenêtre mais après un bref temps de réflexion, à l'arrêt, mademoiselle de Gambardin se tourne à nouveau vers le bretteur, ajoutant non sans malice:

"Je vous ai vu portant cet enfant sur vos épaules tout à l'heure. Vous me paraissez bien étrange, monsieur... serez vous de ceux qui n'osent m'inviter à danser ou ne le veulent à cause de mes liens de parenté, ou bien consentirez vous à partager avec moi une dernière danse avant que je ne retourne en ma demeure?"

Attendant sa réponse -quelle qu'elle puisse être- parée d'un étrange sourire faisant resplendir son visage plus encore que les volées de perles disséminées savamment dans ses cheveux bouclés, la saltimbanque n'y a joint nulle invitation à pousser plus loin la rencontre que la piste, lui laissant tout de même entrevoir le plaisir certain qu'elle éprouverait à danser au bras d'un talentueux cavalier. En l'absence du chevalier, il y a fort à parier qu'il ne risque rien, à moins que la donzelle ne décide de lui rapporter ultérieurement les faits. D'un autre coté, les yeux brillants et déstabilisants de la jeune noble ne semblent pas porteurs de la moindre des malveillances.
Quelle sera donc la décision de son compagnon de balcon?
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MessageSujet: Re: Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ]   Concerto des Espérances [ Nessa - Laurence ] Icon_minitimeJeu 29 Oct - 1:13

« Il est vrai que Monsieur votre cousin est une bête d'un genre tout à fait particulier. » dit-il d'un ton badin.

« Mais pour vous dire l'entière vérité, il est des situations bien plus effroyables pouvant perdre un homme » poursuivit-il en vidant son verre de champan.

Monsieur de Vorkosigan se tourna face à la salle de bal, à la recherche d'une présence connue.

« J'ai déjà une cavalière attitrée pour ce soir, et il serait inconvenant de ma part de me présenter de nouveau en salle, en compagnie d'une autre danseuse » présenta-t-il d'un ton légèrement affecté.

« En espérant que vous me pardonniez un tel écart de conduite » ferma-t-il en s'inclinant respectueusement. « Si vous en avez l'usage, demandez au personnel extérieur de vous faire reconduire en votre demeure. En cette heure, les rues de Logre sont aussi calmes que traitresses » enchaina-t-il d'un ton amical.

« Dame Oiselle, je vous souhaite la bonne nuit » ferma-t-il en s'inclinant plus bas que de mesure.

Abandonnant son verre, il rentra à couvert. De quelques enjambées décidées, il traversa la salle de bal, évitant soigneusement les groupes enjoués. Se faisant une place au travers d'un parterre de courtisans, il se planta face à la prime Danseuse de la Camerata.

« Comme convenu, Dame Calianthe, votre carrosse est avancé. » triompha-t-il.

La Dame Calianthe ne s'offusqua pas de sa proposition, ce qui était déjà de bon ton. Avant qu'elle n'ait pu répondre à sa demande, Monsieur de Vorkosigan lui offrit son bras en escorte. Elle fit un pas en avant et s'arma de son cavalier. D'un pas leste elle traversa la pièce, visiblement tout aussi habituée à porter un homme en parure que d'autres les bijoux. Le portier leur ouvrit la porte et leur souhaita une bonne fin de soirée.

Laquelle, selon toute évidence, s'annonçait sous les meilleurs hospices.

Le long du chemin, Monsieur de Vorkosigan détailla quelques particularités de l'architecture de Logre. Ces dernières, fort imagées et décrites à grand renfort d'histoires à peines crédibles, se révélèrent pourtant presque toutes vraies. Chemin faisant, ils devisèrent avec le naturel de ceux n'ayant rien à prouver et profitant de l'instant, sans viser d'autres finalités que l'actuelle réalité. Les rues des beaux quartiers, éclairées et larges, permettaient de cheminer sans s'inquiéter d'être inquiété par les malandrins des bas quartiers.

Elle le guida jusqu'à une bâtisse portant fière allure, laquelle abritait une bonne partie de la troupe de Bal de la Dame Calianthe. Le parvis s'approchait et Monsieur de Vorkosigan calcula les prochains mots avec une attention particulièrement soutenue. La Dame Calianthe ouvrit la porte d'une clé tirée d'une poche dissimulée dans l'un de ses revers, d'un adroit mouvement du poignet.

Il y eût un instant d'hésitation.

« Ma Dame, vous me conforterez sûrement à ce sujet, mais, ce serait faire ombrage à votre réputation que d'en espérer qu'une once de plus, pour ce soir. Sachez néanmoins mon bonheur complet, mon honneur satisfait et ma fierté en verve quant à cette soirée. » dit il en reculant d'un pas.

« Je serai fier de pouvoir vous rencontrer de nouveau, en d'autres circonstances et en d'autres lieux qui me conviendront, s'ils vous conviennent... » dit il en se penchant légèrement en avant, pour la saluer en attendant sa réponse.

« Ce sera avec plaisir, Monsieur de Vorkosigan » rendit elle d'une voix douce, dont il était impossible de savoir si elle disait vrai ou prêchait faussement. Il resta penché pendant qu'elle refermait la porte derrière et tournait la clé à l'intérieur de la serrure.

Monsieur de Vorkosigan se pencha soudainement plus avant, collant son oreille à la porte. De prime abord, il n'entendit rien de bien concluant et se persuada que de l'autre côté de la porte, l'on pratiquait le même rituel. Pourtant, avec l'aide de quelques grincements, il détermina la présence de la Dame dans un escalier conduisant aux chambres de l'étage.

Il se redressa vivement et déboutonna sa veste en pleine rue, alors qu'un môme d'environ une douzaine d'années se dévoilait d'une ruelle attenante. Rapidement, ils s'échangèrent quelques colis. Monsieur de Vorkosigan pesta contre ses chaussures de villes et enfila une paire de bottes en sautant à cloche-pied en pleine rue, puis, il confia son veston contre une tenue de saltimbanque, qui le couvrit des épaules jusqu'à la taille.

« En route Moucheron » dit il d'une voix légère, profitant de la fraicheur de ses bottes pour profiter d'un regain de vitalité.

« Vous êtes sur de ne rien oublier, Monsieur ? » caqueta le gamin en lui jetant son sabre, encore au fourreau. Monsieur de Vorkosigan le récupéra à la volée.

Il le fixa à sa ceinture et s'envola le pas léger vers quelques projets mystérieux, inavouables et pour bien faire, secrets.
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