Chroniques des Stellans
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Bienvenue sur le site décrivant les Chroniques des Stellans, jeu d'écriture et de rôle par forum dans un univers mixte High Fantasy - Dark Fantasy.



 
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 Une représentation imprévue [RP ouvert]

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Marie Canteloup

Marie Canteloup


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MessageSujet: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 0:11

Vêtue de sa plus belle robe d'étoffes chatoyantes émeraude et ocre, flanelle blanche un peu jaunie du bustier serré se disputant au vieux cuir des bottines qui claquent sur le pavé encore humide de la bruine matinale, une jeune femme marche d'un pas résolut.
Une modeste caisse de bois à la main, violon sur l'épaule, l'archer glissé tel une rapière à sa ceinture carmin passé cousue de fils dorés, la demoiselle s'avance le regard braqué vers son but, ses lèvres pleines arborant un pli rieur et sur.
Quelques foulées de gigue autour d'un petit groupe de passants affairés à rester discrets, jeunes gens de trop bonnes familles rentrant au logis après une nuit passée avec quelques artistes, les jupons qui se pressent et s'enfuient autour des chevilles fines et pâles comme le ciel sans soleil.

L'étrange créature indubitablement féminine s'arrête soudain, virevoltant sur place une dernière fois plus pour s'amuser que pour se donner en spectacle au chat errant et pelé qui la fixe de son unique orbite avant de s'enfuir, pourtant habitué aux excentricités des résidents du prestigieux quartier.
Après avoir positionné son caisson bon marché bien en vue des balcons de la célèbre Camerata, la drôlesse s'y juche d'un saut à pieds joints, cale son instrument entre une épaule maigrelette et un menton charmant, pour enfin déposer avec une infinie lenteur l'artéfact de bois et de crin sur les cordes tendues avec un soin maniaque la veille à peine.

Le silence se fait autour d'elle.

On entend au loin des cloches annoncer d'un ton solennel l'heure à laquelle les honnêtes gens sont censés se lever en vue de partir pour le labeur journalier.
La donzelle, statique, attend patiemment que les derniers échos se meurent contre les murs de pierre, le dos droit, doigts repliés, les yeux clos et l'oreille aux aguets.
Quelque serviteur ouvre les volets de la chambre d'un maitre un rien paresseux et l'aperçoit ainsi sans paraitre s'en émouvoir le moins du monde, jeune mais déjà formé à ne point rester béat face aux manifestations parfois inattendus de tous ces fols créatifs, sans quoi il ne ferait jamais rien de ses corvées.

Quand soudain ce calme illusoire se romps.

Les notes, issues de vigoureuses frictions ont de quoi surprendre, virevoltant de plus en plus vite à l'assaut des fenêtres close, des huis de métal ou de bois que nul portier n'a encore dérouillés. Une mélopée envoutante et sauvage étreint la rue à peine réveillée après les festivités et les agapes de la veille.
La violoniste, lasse d'attendre une chance improbable dans des quartiers pouilleux que nul de ceux auprès de qui elle désire tant se faire connaitre ne visite jamais, a décidé de provoquer, avec audace, son propre destin.

Car enfin, cambrée sous la brise agressive dont le froid mordant rougit ses pommettes, quelques boucles blanches échappées de son catogan, la musicienne créature ondoie au rythme des notes qu'elle crée à l'aide de son alter égo, cette partie d'elle même laquée et reluisante.
Jouant avec passion de toute évidence autant pour elle même que pour son invisible et peut être inexistant auditoire, la saltimbanque improvise avec brio un morceau endiablé au tempo haletant qui conviendrait tout aussi bien à un solo sur les planches d'une salle de concert qu'à l'accompagnement de la danse de quelque envoutante diablesse.


Dernière édition par Marie Canteloup le Sam 17 Oct - 19:11, édité 1 fois
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Laurence de Gambardin

Laurence de Gambardin


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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 1:33

A l’heure où la ville s’éveille d’autres choisissent de rentrer chez eux pour goûter enfin à un repos bien mérité. La plupart des habitants du quartier n’envisageraient pas de cheminer à pied ne serait-ce pour une courte distance. Chaise à porteur, fiacre, ou tout du moins escorte raisonnable, voilà ce qu’on pourrait attendre. Chaque communauté possède son membre dissident qui s’efforcera à ne rien faire comme les autres, ce matin, comme de nombreux autres, celui-ci est incarné sous les traits du chevalier de Gambardin.

Ce dernier traîne les pieds seul si ce n’est la compagnie des souvenirs gris de la visite à rallonge et allongée de la cave de Madame d’Hauberpuis. Ou plus exactement, la visite de la cave de Monsieur d’Hauberpuis en la compagnie exclusive de Madame. Autant il n’a aucun goût pour les dames mûres, autant en amateur de divins cépages il sait se montrer patient.

Les souvenirs les moins avouables, quoique peu licencieux de la soirée lui reviennent en mémoire et lui arrachent un soupir alors qu’il vérifie une dernière fois que son jabot est correctement aligné avec le reste de son habit. Il réalise soudainement qu’il aurait bien besoin d’un bain. Un bouillant, ou glacé, il ne sait. Un bain capable de lui retirer toute la crasse qui le recouvre comme une seconde peau.

Aussi, plutôt que de rentrer directement chez lui, le voilà à faire un détour vers l’un des établissements proposant parmi des multiples services des bains. Il devra sans doute payer une courtisane pour lui frotter le dos, et une des plus chères, son nom l'exige, tout cela car les installations d’eau chez lui ont rendu l’âme il y a deux ans et qu’il n’a guère eu le courage d’entreprendre les démarches nécessaires.

Avant qu’il ne le réalise lui-même, un nouveau détour est fait. Il ne sait qui accuser de la fatigue, de l’alcool qui empoisonne encore un peu son sang ou bien de cette entêtante musique qui l’a conduit ici comme un rat suivant le son du pipeau, mais le voilà, droit comme un i, l’œil froid, et une main gantée de près posée sur sa canne en train d’observer une jeune femme maigrichonne juchée sur une caisse, un violon d’une rare beauté entre les mains.

D’un geste précis il remonte le col de son manteau pour s’éviter le froid qui ne manque pas de saisir cruellement celui qui cesse d’être en mouvement. Il devrait repartir, sa seule envie est de se plonger dans l'eau, un lit, l’oubli et pourtant il reste presque figé à l’exception de la pointe de son soulier qui se met à marquer le rythme. Aussitôt se rend-t-il compte du mouvement qu’il s’efforce de le contrôler avec un début d’irritation témoigné d’un froncement de sourcils.

Il attend néanmoins que cesse la mélodie avant de surprendre la curieuse créature en l’interpellant d’une voix forte en guise d’applaudissements.

« Vous pourriez être arrêtée pour tapage. Réalisez-vous l’heure qu’il peut être ? »


Dernière édition par Laurence de Gambardin le Dim 18 Oct - 10:34, édité 1 fois
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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 12:45

Cachant de justesse sa surprise d'entendre une voix masculine venir du flanc et non du chef, la jeune interprète maigrelette parvient à ne pas sursauter. Toute absorbée dans ce qu'elle était en train de jouer qu'elle ne l'avait pas entendu arriver. Toute entière plongée dans son art et son but, qu'elle n'avait songé à la protection de sa propre existence, tant il lui aurait semblé incongru qu'on la vise avec violence dans un tel quartier où, ma foi... il y a bien plus intéressant qu'elle à dépouiller, bien plus gras à percer, bien plus gironde à trousser.
Remontant fièrement le menton, de sa position dominante -mais de justesse- sur son caisson de petite facture, elle répond d'un ton faussement offusqué, instrument sous le coude et dextre sur le cœur, assez penchée en avant pour que ses doigts fins en éventail ne parviennent pas à voiler tout ce que son corsage ainsi dévoile:

"Mais là est tout l'intérêt, messire! Car comment être justement remarquée s'il fallait attendre que la foule se soit levée?
Entendez vous le brouhaha masquer le son de ma musique, mis à part celui de vos bottes? Nenni.
Je déclare donc cette heure ci l'idéale, et qu'il en soit ainsi.
"


Ponctue elle d'une large révérence bien et gracieusement exécutée, malgré ses frusques de saltimbanque qui gâchent quelque peu son effet et lui confèrent un rien de burlesque, que l'on ne sait subit ou largement consentit.
Descendant enfin d'un petit bond de son promontoire à deux sous faisant office d'estrade ou de scène, la voilà qui glisse à nouveau l'archer dans les replis du châle qui lui sert de ceinture, cale son violon entre le creux de son bras et le rebondit de ses féminins arguments -ainsi que l'on tiendrait un tout jeune enfançon-, pour finalement remettre un peu d'ordre dans l'épaisse crinière bouclée qui encadre son visage, à présent qu'elle jouit de l'usage d'une main libre.

"Et puis n'aimeriez vous pas, vous, être réveillé par le chant de mon violon plutôt que par celui du coq ou d'un méchant valet?"

Ajoute elle couplé d'un sourire mutin autant qu'amusé, sachant mieux présenter -malgré son état- que l'un autant que l'autre, et sa voix plus agréable. Enfin, si ce n'est d'éventuels gouts un peu particulier de son interlocuteur inattendu, cela va sans dire.
Abandonnant pour l'instant les planches lui ayant conféré son surplus de taille, elle s'approche à pas vifs du fâcheux et fâché damoiseau, opérant d'impromptus écarts de droite ou de gauche qui pourraient faire douter qu'elle sache marcher droit s'ils n'avaient été effectués d'habiles petits pas de danse, aussi agiles qu'imprévisibles.

Lorsqu'enfin elle s'arrête tout juste hors de portée de son bras cerné de riches et couteuses étoffes un peu froissées par une nuit de débauche, il peut se rendre compte de plusieurs choses:
D'une, si elle sent le savon bon marché, elle n'empeste ni le fard excessif ni la crasse. A son grand soulagement, sans aucun doute.
De deux, ses étranges yeux brillent d'intelligence et de malice, l'un émeraude l'autre rubis, si bien qu'il devient difficile de fixer son regard dans le sien déjà assez acerbe sans se mettre à loucher.
Oublieuse et de sa proximité et du possible jugement qu'il pourrait porter, elle conclut:

"Quand à la garde, Oh mon matinal auditeur, Inconnu monseigneur, je doute qu'elle se précipite m'offrir le gite et le couvert pour avoir fait expression de mon savoir musical dans pareil quartier, tant que celui-ci n'est pas tant discordant..."


Dernière édition par Marie Canteloup le Sam 17 Oct - 19:13, édité 1 fois
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 14:48

La canne vient claquer devant lui, et une seconde main se poser sur la première en un appui inébranlable. S’ils pouvaient subsister quelques derniers doutes pour la saltimbanque, la voici à présent bien renseignée sur le fait que l’autochtone refuse l’idée qu’elle puisse s’approcher un peu plus. Les effluves de savon lui remontent déjà aux narines et, contraint d’éviter de fixer trop longuement les yeux vairons, il se retrouve renseigné sur les féminins atouts que contient le corsage.

C’est très curieux qu’un corps si maigrelet, si petit, démente à ce point l’enfance qu’on pourrait lui associer. Si la nuit avait été moins longue, et la dégustation viticole faite avec moins de sérieux, Laurence n’y aurait pas été insensible, mais à cette heure il se contente de relever un regard morne qui va se fixer sur les bâtiments de la Camerata.

Volets clos. Un rictus cruel se dessine.

« Ma chère… » ces petits mots sont chargés de la condescendance nobiliaire qu’on peut attendre d’un habitant des Loges. « … vous êtes bien folasse si vous pensez que vos sifflements discordants de moineau famélique vont suffire à faire battre une paupière des animaux de compagnie au ventre gras de ce chenil. »

Jugeant sans doute que c’est encore trop peu, il continue sur sa lancée. « Quant aux naïfs et nigauds jeune fils de sur lesquels vous pourriez exercer vos charmes de souillon, la nature dans son jeu sans pitié vous ayant offert des arguments indéniables qui ont du vous monter la tête avec des espoirs déplacés, pourquoi iraient-il s’attendrir sur vous quand dans leur cage ils peuvent se faire offrir des créatures au plumage autrement plus flamboyant ? »

Sans laisser à la jeune femme le temps de répliquer, et ne s’attendant certainement pas à ce qu’elle le fasse, l’homme se présente.

« Je suis le Chevalier Laurence de Gambardin. »

Comme si une telle signature suffisait à justifier toutes les paroles prononcées plus tôt, il salue la demoiselle et la contourne pour continuer sa route. Ce bavardage inattendu a suffi à achever de le dégriser. A présent, en plus d’un bain, son intention est de s’offrir un solide petit déjeuner.

Continuant sa route, sans se retourner, il poursuit la conversation.

« Vous devriez vous en remettre à moi si je vous le dis. Vous vous y prenez à la pire heure et au plus mauvais endroit ! »

Il s’arrête soudainement figé par une lumineuse idée. Une idée présentant l’économie d’une courtisane sans pour autant écorner sa réputation. Il se tourne lentement pour évaluer si la musicienne pourrait faire illusion. Elle est assez jolie, mais sa tenue… Un vrai problème. Tant pis, il passera pour un excentrique. S’il surprend des regards suspicieux, il aura toujours la possibilité de feindre l’ivresse.

« Mais je peux vous conseiller. Venez, je vous offre de partager ma table du matin dans un des meilleurs établissements de la ville. Voyez-ceci comme un paiement pour votre intéressante prestation. »


Dernière édition par Laurence de Gambardin le Dim 18 Oct - 10:35, édité 2 fois
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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 18:44

C'est un grand rire qui lui répond, avec les effets qu'on connait sur l'anatomie féminine dont elle est justement pourvue et que, heureusement, il ne verra point ayant le dos tourné.
L'éclat est franc, spontané, n'ayant pourtant rien à voir avec la grasse vulgarité d'une poissonnière, catin ou fille de ferme. A la fois clair et raffiné, mais dépourvu de tout faux semblant de la cour, porteur de la douce folie qui peut être celle d'un artiste ayant vu la fin de son monde sous les assauts d'un phénomène inexorable.
Qu'est ce donc, alors, que les moqueries acerbes d'un auguste nobliau aux mœurs dissolues plus encore que les siennes?

"Messires, de Gambardin, donc... ne vous mèprenez pas. Je vend ma musique et non mes charmes. J'ai bien conscience qu'il y a plus qualifiée que moi dans ce domaine, et qu'à vous voir ainsi aux premières lueurs, vous ne devez pas en manquer.
Et s'ils ne sont point encore réveillés là dedans alors je reviendrais à une heure moins indue jusqu'à ce qu'ils finissent par me jeter un baquet d'eau sur la tête ou m'ouvrir leurs portes.
"


Un nouveau et charmant gloussement ponctue ses paroles, sans pour autant qu'elle n'ait pu perdre de vue les inconvénients que pourraient représenter de se faire détremper en ces débuts de frimas.
Sans qu'elle ne se montre encore à ses cotés, il entend bientôt le bruit de ses bottines éculées heurtant avec légèreté le pavé, le suivant simplement sans pour autant chercher à le rattraper, sans trainer ni se presser le moins du monde.
On pourrait même la qualifier de désinvolte à défaut d'être désintéressée.

"Je me nomme Marie. Si vous désirez un patronyme, ce sera Canteloup... Et je ne suis point encore assez dérangée pour refuser un déjeuner."

Son regard, espiègle, devient scrutateur, portant un mélange d'amusement et de méfiance. Comme il a si justement souligné leur différence de son attitude méprisante et distante, un noble s'abaisserait il à offrir un si couteux repas à une souillon sur le simple prétexte d'une prestation offerte au monde entier?
Que son esprit soit secoué, peut être, mais elle n'est point encore idiote ou totalement naïve. Ou bien elle ne l'est plus, sans quoi il est fort possible qu'elle n'eusse pas survécu en demeurant si bien portante, étant donné les circonstances.
Quitte à se remplir la panse pour un prix non encore annoncé, autant en profiter jusqu'au bout. Sinon... eh bien, tant pis. Il n'aura pas été dit qu'elle serait tombé si bas. On ne se nourrit pas de sa fierté, certes, mais la saltimbanque n'en est pas encore là.

"Cependant, sieur chevalier, si vous consentez à vous rendre en ce prestigieux endroit avec moi, il me faudrait au moins une tenue qui conviendrait à l'endroit où nous allons nous rendre, à moins que vous ne soyez hermétique aux regards que l'on risque de vous lancer.
Au moins en cela vous avez de la chance, je ne me retarde pas de chichis comme les demoiselles dont vous devez avoir l'habitude d'être entouré, aussi ce sera l'affaire de bien peu de temps et de tracas.
"


L'un dans l'autre, même avec le prix de la vêture, il est possible qu'il s'en tire pour moins cher que ce qu'il avait initialement prévu. Pour peu qu'il supporte l'outrecuidance naturelle de la jeune femme, il se pourrait même qu'elle sache faire autre chose que jouer des cordes.
S'il ne s'est pas résolut à l'abandonner sur place ou à l'égorger avant la fin de la journée, en tout cas, il y a fort à parier qu'il ne se sera au moins pas ennuyé.
Y'a il bien plus précieux pour quelqu'un qui a déjà tout ce qu'il veux?
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 21:02

Le dandy lève sa canne pour appuyer son menton sur la tête de lion en vieil argent du pommeau. Toute sa concentration est mise à contribution pour effectuer le savant calcul. Au prix de l’heure avec Mademoiselle Lilas, cela vaut la peine de prévoir une petite prime pour son accompagnatrice. Et surtout, détail à ne pas négliger, il n’aura pas à justifier de sa fatigue. Oui, cela peut s’avérer intéressant, quoiqu’un peu moins que prévu. Et puis il répugne à passer pour un pingre.

Si ce point là est réglé, et que sa canne est revenu frapper le sol pour mettre fin aux négociations internes, un autre problème lui chatouille le cortex. L’attitude de la saltimbanque n’est pas très nette. Il conçoit, avec une pointe de vexation, qu’elle ignore sa réputation et n’ait manifestement jamais entendu parler de lui, mais qu’elle ne rougisse pas de honte à ses propos en prenant la fuite. Inconcevable. D’où sort une fille pareille à rire, glousser… et elle a le toupet de lui demander une robe ! Une robe !

Deux solutions évidentes s’imposent pour expliquer un tel comportement. Il s’agit d’une étrangère. Elle ne sait pas que d’un claquement de doigts suffirait pour la renvoyer manu militari dans les taudis. Que si l’envie les prenait, les premiers gredins en brodequins de taffetas passant par là pourraient abuser d’elle, et là laisser pour morte, son joli cou brisé, sans se soucier plus d’une heure du forfait commis ni craindre un instant les répercussions.

Ou bien alors, elle est folle. Oui, cela explique tout.

« Vous avez raison, votre piètre mise est un outrage aux sens. J’imagine que nous trouverons sans difficultés une tenue plus décente. Un drap y suffirait pourvu qu’il soit propre, cependant nous devrions pouvoir faire un peu mieux que cela. »

Il lui offre le bras par usage, non complaisance courtoise et la guide à travers les rues des Loges. Direction le tailleur pour dames.

« À mes côtés, vous serez présentée pour ma maîtresse, ne cherchez pas à briguer une position différente. Que cela ne vous effraie pas, je n’en ai qu’après votre compagnie. » Un regard dur lui est lancé afin de couper court à toute fantasme où elle se serait imaginée virevoltante dans la boutique après avoir été annoncée comme une amie, une sœur, où les dieux seuls savent quoi…

D’ailleurs la boutique, ils se retrouvent rapidement devant. Les volets de bois fermés. La peinture annonce en grandes lettres cursives « Les dentelles d’Eglantine – Mode pour Dames depuis 1637». Laurence y frappe avec détermination. Pour l’homme qu’il est, les horaires d’ouverture n’entrent pas en considération pour constituer un obstacle solide entre lui et ses besoins les plus pressants.

Le panneau de bois à la fenêtre de la porte finit par coulisser pour laisser apparaître le visage précieux et au saut du lit d’un homme entre deux âges qui ne doit pas s’appeler Eglantine. Du moins, pas le jour.

« Monsieur Pignon, quelle félicité, vous êtes levé. Ouvrez-nous, il s’agit d’une extrême urgence.
- Che-chevalier de Gambardin ? mais..je.. tente de répondre le Pignon le regard affolé mais toujours protégé derrière sa porte. Il sursaute et pousse un petit cri quand le pommeau de la canne vient frapper une nouvelle fois.
- Ouvrez vous dis-je ! Voyez la malheureuse. »

L’œil de Pignon s’égare sur la demoiselle. Effectivement, il y a péril en la demeure. De plus, son cœur ne se sent pas assez fort pour tenir tête au chevalier. La porte s’ouvre sur un petit magasin contenant mille merveilles et un malheureux homme tout juste habillé mais qui visiblement lui était déjà en train de petit déjeuner à en croire la serviette qu’il a encore en main.

Laurence pousse Marie à l’intérieur.

« Prenez ce qu’il vous plait, mais faites vite. »


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Marie Canteloup

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 22:17

"Je vous remercie bien de tant d'attention, monsieur de Gambardin, et n'ayez donc crainte que j'abuse de prérogatives que je sais ne pas posséder.."

Répond la drôlesse tout en posant délicatement une main sur le bras tendu, sans pour autant faire plus que le frôler afin de préserver les apparences. En tout cas, si lui répugne à entrer au contact de la femelle de basse extraction qu'elle est, la donzelle ne parait pas plus pressée de lui sauter dessus, Malgré ses beaux atours, sa bien jolie mine et son nom visiblement prestigieux.
Folle... oui, ça ne peut être que ça. C'est évident.

Au moins le reste du trajet se fait il dans un silence respectueux d'une éventuelle gueule de bois, et la compagnie de son invitée n'est pas plus pénible qu'elle ne l'était. Plutôt moins, de fait, puisqu'elle ne dit rien et se tient sage -presque digne!- à ses cotés, s'abstenant de lui faire honte malgré le peu d'âmes présentes pour en témoigner, se contentant de sourire d'un air indescriptible.
A défaut d'avoir un peu de plomb en tête, au moins, elle n'est pas totalement ingrate ni oublieuse d'un possible inconfort de son acerbe compagnon. C'est toujours ça de gagné.

Une fois tous deux parvenus devant l'huis clos de la boutique, Marie attend avec patience que le propriétaire vienne leur ouvrir, la "malheureuse" l'accueillant avec un large sourire propre aux gens habitués à amuser, pour autant pas particulièrement impressionnée par la prestation. Ou en tout cas, elle n'en montre rien.
Une brève révérence plus tard, un sage -ou presque- signe de tête destiné à son inopiné mécène du moment pour tout indice inclinant à penser qu'elle a bien comprit ses instructions, l'artiste file explorer le contenu des rayons et les toilettes exposées.

Sans regarder le prix une seule fois, elle semble avoir une idée précise de ce qu'elle cherche, trouvant rapidement une robe à son gout et disparaissant avec dans un recoin prévu pour l'essayage, s'il y a lieu, avant que qui que ce fut n'ait pu en voir ne serais ce que la couleur.
Vu le précédent plumage de l'oiseau rare, il y a à craindre le pire. Oui.
Et ainsi les minutes filent, laissant le gentilhomme se demander, peut être, s'il a bien fait de ne pas choisir pour elle, au lieu de la laisser jeter son dévolu sur ce qui est peut être la parure la plus farfelue de tout le quartier.

Lorsqu'enfin elle ressort, c'est dans une belle robe sobre noire et pourpre au bustier très légèrement évasé, aux longues manches tout juste bouffantes, et aux broderies discrètes. Le décolleté, alléchant ainsi présenté, n'a pour autant rien d'excessif, et l'ensemble souligne ce que ses formes peuvent avoir d'harmonieuses tout en laissant moins d'importance aux endroits où l'on devrait lire les traces des privations.
Ses cheveux, convenablement tirés en arrière, sont attachés par un simple ruban de soie noire laissant retomber ses boucles épaisses sur sa nuque claire et rappelant le ras de cou tout aussi discret soulignant encore la finesse de ce qu'il ceint.

Ce n'est plus tant une réfugiée ayant tout juste survécu à la famine mais une damoiselle de bonne tenue se souciant un peu trop de sa ligne, Car en plus d'avoir choisit quelque chose d'élégant et d'astucieux, elle le porte bien et s'accorderait presque, à présent, avec la propre vêture de celui qui l'invite.
Comme quoi, malgré sa prétendue folie, il lui reste une once de jugeote. A moins que ce ne soit un total hasard.
Tout de même, où lui as on apprit, dans la rue ou parmi les gens du spectacle, à singer à ce point un correct maintient au point que celui-ci lui paraisse inné?

La jeune femme revient vers les mâles présents, posant avec une grâce un rien empruntée une main gantée de satin et de dentelle sur le bras de son guide. Un peu trop précautionneuse cependant pour ne pas contenir une once d'ironie, et un peu trop amusée de la surprise possiblement causée.
Ah non, on ne lui a pas échangé au détour d'une étagère, c'est bien la même, ayant simplement remplacé un emballage semblable à son œil vert par un qui ressemble plus à son iris carmin.
Jusque dans sa voix au timbre mesuré, l'on perçoit clairement une note provocante. Chassez le naturel...:

"Ne vous ais je point trop fait attendre, messires?"

Seule le large sac présent à ses cotés casse un peu l'ensemble et trahit la présence inséparable de son précieux instrument. Et sans doute de ses anciennes frusques qu'elle n'a pas du pouvoir se résoudre à jeter.
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Laurence de Gambardin

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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 23:31

Le chevalier profite de l’essayage pour se faire servir une décoction de rémal noir bien serré. Il craint le pire. D’expérience, il sait qu’il suffit de donner un peu d’argent à un nécessiteux pour qu’il le dépense en ce qu’on peut trouver de pire. Une simple visite des taudis permet de le constater avec les jeunes coqs des bandes tous habillés de fanfreluches aux couleurs outrancières. Laurence peut se targuer de pouvoir en supporter plus long que beaucoup, mais la vulgarité est un mal redoutable.

Il tend l’oreille. Au moins aucun gloussement ne s’échappe de derrière le paravent. Ce dernier est lourdement tapissé, et il regrette un peu qu’il ne soit pas fait d’un fin papier comme ceux qu’on trouve dans les maisons de distractions. Au moins aurait-il pu profiter de la silhouette.

Lorsqu’elle sort et parade, Gambardin masque mal une surprise passagère. Monsieur Pignon a retrouvé ses couleurs et déjà déverse un torrent de compliments commerçants sur le goût exquis de Mademoiselle. Cette couleur qui lui va à ravir, il n’aurait pas pu choisir mieux lui-même. Et cette taille si fine, si exquise, comme elle doit être jalousée ! Ce bustier est parfait pour mettre en valeur ses formes. Ne manque qu’un chapeau, une voilette, une étole, peut-être une broche.

« Inutile. » le coupe sèchement Laurence qui voit déjà la facture s’allonger. « Ce serait du gâchis de couvrir tout cela. » reprend t-il avec plus de douceur.

Le sire est sensible aux apparences et le choix des tons doit le satisfaire, ou même le flatter sans qu’il n’en ait conscience. L’astuce fonctionne si bien qu’il ne s’étonne pas de l’attitude étrangement distinguée de sa compagne. La main est prise, rapidement caressée avant d’être replacée sur le bras.

A la provocation de la violoniste, le retour est immédiat.

« Si fait, mais c’est le privilège de votre sexe de vous faire attendre afin que nos nerfs rompus vous cèdent en toutes choses. » Il sourit et s’adresse ensuite à Pignon sur un ton péremptoire. « Vous ferez envoyer la note à mon domicile. Et trouvez moi de quoi transporter ses affaires, ce sac affreux jure terriblement. »

Aussitôt demandé, aussitôt trouvé, le sac de cuir est rangé dans une valisette élégante en carton tapissé d’une scène de genre. L’ensemble est nettement moins pratique, mais Marie n’a pas à s’en soucier puisque Laurence ne lui laisse pas l’occasion d’en éprouver le poids.

Tandis qu’ils quittent la boutique pour rejoindre la fameux établissement de prestige vanté par le chevalier, celui-ci hésite à lancer un compliment. Tout acerbe qu’il soit, n’importe quelle femme a droit à son mot aimable lorsque celui-ci est justifié. Le problème étant que le moineau a beau s’être transformé en cygne gracieux, il n’en oublie pas pour autant l’avoir cueilli sur un caisson à légumes au milieu d’une ruelle. De plus, la drôlesse est d’une impudence rarement observée.

Il guette sa réaction à l’approche des étuves. Difficile pour elle de s’échapper après avoir accepté le présent de la robe. Saura-t-elle faire preuve de toujours autant de certitudes lorsqu’elle réalisera la raison pour laquelle dans un premier temps il ne semblait pas trop se soucier de la tenue qu’elle pourrait porter pour l’accompagner profiter d’un petit déjeuner ? Aucun doute, l’établissement est respectable, après tout nous sommes aux Loges, mais le commerce qu’on y tient à l’occasion aurait de quoi faire rougir jusqu’aux racines une jouvencelle.

« C’est ici. J’espère que l’endroit vous plait ? Le service y est très raffiné. »
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Laurence de Gambardin

Laurence de Gambardin


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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitimeSam 17 Oct - 23:38

[ Si réponse il y a, peut-être faudra-t-il la faire dans le Fil correspondant aux autres lieux des Loges ]
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MessageSujet: Re: Une représentation imprévue [RP ouvert]   Une représentation imprévue [RP ouvert] Icon_minitime

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